Quand la finance mène au maraîchage

MathieuAgriculture, Édition 2018, Normandie

Après la réunion des trois tours de vélos à l’écosite de Beauvais (AlterTour, Tour Alternatiba, Cyclotrans Europe), les cyclistes de l’AlterTour sont partis sans retard pour la prochaine étape. La terre entre Beauvais et Gisors est enveloppée par des cultures agricoles, un paysage lisse à perte de vue. Sauf une montée avant l’arrivée du lieu de déjeuner, un défi adouci par l’ombre offert tel un cadeau par la foret silencieuse.

Nous arrivons avec de l’avance au village de la Lalandelle, sous un soleil écrasant. En attendant la préparation du repas, nous nous asseyons en cercle pour rappeler nos prénoms et partager nos sentiments sur le voyage. Le cercle se clôt en douceur par un séance de yoga improvisé au pied d’un arbre. Avant de partager le repas, un journaliste de la presse locale nous demande de poser pour une photo collectif.

Le repas terminé, nous revoilà sur la route pour Gisors. Une fois arrivé, nous rejoignons la fermette biologique de l’Epte. Nous installons nos tentes dans une plaine ouverte, et nous sommes accueillis par Aurelien, qui nous décrit son parcours. Une carrière qui a traversé la finance et la gendarmerie, il s’est finalement lancé dans l’agriculture biologique sur un exploitation de 2,7 hectares il y a cinq ans. Il partage ensuite les obstacles sur son parcours, du nettoyage de l’eau de souche, de l’inondation de la rivière l’Epte, de la bureaucratie, des plantes dits « adventistes » (mauvais herbes)… Il a tendance à baisser les yeux par terre. Cadré par ses champs derrière lui, il évoque « l’Angelus » de Millet, dégagent l’auguste gravité de ceux qui sont proche de la Terre. il garde néanmoins l’espoir pour le futur, nous informant sur l’arrivée d’un stagiaire d’origine Malienne qui lui aidera, et qui en contrepartie pourrait être payé, régularisé et hébergé. Nous faisons le tour du terrain, allant des champs de courges, choux, oignons, ail, fenouil. Tout près du champs de salade se trouve un enclos rempli de canards, joyeuses créatures chères au propriétaire du terrain qui les garde pour le plaisir. Nous aidons Aurelien à cueillir les salades montées pour les nourrir. Au bout du terrain se trouve la rivière de l’Epte, ou quelques passants s’échappent de la chaleur en se plongeant dans l’eau. La journée se clôt par un repas simple, sous un soleil safran enflammé. Nous retournons au camp. Le ciel étoilé au dessus de nous libre de pollution, un reflet symétrique de la terre en dessous de nos corps en repos. 

Kelly