Dernières Nouvelles d’Alsace, 25.08.2018
L’AlterTour, le circuit cycliste des initiatives écologiques et solidaires, se définit comme « l’autre Tour de France, les cyclistes dopés en moins et la volonté de changement en plus ». Cette année, les participants ont découvert l’Alsace.
L’AlterTour est né d’un collectif créé en 2004, du nom d’AlterCampagne. Il regroupe alors des organismes variés tels que la Confédération paysanne, Greenpeace ou encore le mouvement Europe Ecologie – les Verts. Il s’agit au départ d’une association anti-OGM, à l’origine notamment de journées mondiales de mobilisation contre ceux-ci.
« Être plus respectueux de la planète et de l’humain »
En 2008, ses membres ont une idée un peu folle : partir sillonner les routes de France pour faire le tour des acteurs s’opposant au transgénique et pratiquant par exemple l’agrobiologie ou la permaculture. Un circuit ouvert à tous et qui se veut inclusif, puisqu’il est accessible aux personnes handicapées. Mais, au fil des éditions et des rencontres, l’AlterTour intègre un autre aspect à son projet : celui du social. Aujourd’hui, actions avec les MJC, solidarité envers les migrants et rencontres avec des artistes engagés sont de mise. Mais aussi mobilisations concrètes, par exemple à Bure, où ils ont manifesté et pris la parole publiquement aux côtés du Collectif contre l’Enfouissement des Déchets Radioactifs (CEDRA) et de plusieurs élus locaux.
C’est dans cette perspective qu’ils ont entamé leur onzième périple, le 14 juillet dernier. Partis d’Amiens, dans la Somme, ils sont arrivés à Orbey le 15 août pour finir le voyage en Alsace.
Ce mardi 21 août, ils étaient au vignoble Klur de Katzenthal. « Un endroit très inspirant », se réjouit une participante. Et de fait : les propriétaires de cette exploitation en activité depuis le XVIIe siècle se sont tournés vers la viticulture biologique et biodynamique depuis une vingtaine d’années. Aujourd’hui, le domaine, avec son espace d’habitat écologique et sa micro-ferme, se définit comme un « éco-lieu ». « Voir ce qu’ils ont réussi à faire, ça donne de l’espoir ».
Prendre en compte tous les aspects de la société
Ils se sont ensuite rendus à l’école Steiner-Waldorf de Wintzenheim, quelques coups de pédales plus loin, où ils en ont appris davantage sur la pédagogie alternative. Simultanément, ils ont aidé à préparer la rentrée des classes en donnant un coup de main à l’entretien de la vaste cour de l’établissement pourvue de jardins et de potagers.
En interne, l’AlterTour applique une politique d’autogestion. L’association n’a pas de président, mais un « collège solidaire » désigné lors des assemblées générales des membres.
Aujourd’hui, Julie Lefort, membre depuis de nombreuses années, l’affirme : « On prend en compte tous les aspects de notre société, la question étant « comment peut-on faire pour être plus respectueux de la planète et de l’humain ? » Au fur et à mesure de nos rencontres, on découvre des solutions et on essaie de les faire connaître. Pour les participants, parfois néophytes en ce qui concerne la transition écologique et sociale, ce sont aussi des moments très forts qui leur permettront ensuite de s’engager au quotidien. D’autant plus que durant notre aventure, il y a tout un aspect de vivre-ensemble. »
Nombre d’entre eux le confirment : dans sa vie professionnelle, Clément participe au financement de la recherche et de l’innovation. Participer à l’AlterTour l’a décidé à s’intéresser de plus près aux énergies vertes. Jocelyn, quant à lui, s’inspire de son expérience d’AlterTouriste pour la prise de décisions en commun et la communication au sein de son entreprise : « Ça me motive à essayer d’être dans des logiques de bienveillance, et de ne pas être dans la critique immédiate ». Après avoir traversé le Haut-Rhin, les cyclistes termineront leur périple le 26 août à Kolbsheim, près de Strasbourg.
Lola Collombat, Dernières Nouvelles d’Alsace, 25.08.2018