La troisième édition du festival politique et festif des Bishnoï, vendredi 24 et samedi 25 août, s’inscrit dans le contexte de l’AlterTour et des journées d’été des écologistes. Mais surtout, l’association opposée au Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, saisit l’occasion pour proposer des alternatives à ancrer dans les villages du Kochersberg, au-delà du projet d’autoroute, alors que la pression sur la Zone à défendre du Moulin entre Kolbsheim et Ernolsheim-Bruche s’accroît.
Après deux éditions printanières en 2016 et 2017, le troisième festival du Bishnoï revient cette fois-ci à la fin de l’été. Cet événement politique et festif d’opposition au Grand contournement ouest (GCO – voir tous nos articles) arrive dans un contexte particulier vendredi 24 et samedi 25 août.
La Zone à défendre (Zad) du Moulin, où se tenaient les deux premiers rendez-vous, est désormais expulsable par le constructeur Arcos (groupe Vinci) et les travaux préparatoires de déboisement sont à nouveau autorisés du 1er septembre au 15 octobre.
Une réunion clé prévue fin août
Depuis le printemps, le projet d’autoroute payante de 24 kilomètres a enchaîné plusieurs avis négatifs, notamment de l’enquête publique sur les compensations environnementales. Mais pour le moment, des discussions discrètes se poursuivent pour « exploiter de façon complète » ces avis, sans pour autant qu’une suspension, voire une annulation ne soient à l’ordre du jour. Au contraire, une réunion comité départemental d’évaluation des risques sanitaires et technologiques (Coderst) préalable à l’autorisation des travaux définitifs est prévue le 28 août.
Ces réflexions ont du moins décalé l’autorisation pour les premiers coups de pelleteuse, prévus initialement en août. Elles pourraient entraîner un retard de presqu’un an, soit une mise en service mi-2021.
« Ne pas être dans la posture de l’éternel opposant »
Conscient de cette épée de Damoclès, les organisateurs n’ont « même pas essayé » de refaire une édition du festival dans l’enceinte de la Zad, ils l’ont déplacé en lisière d’Ernolsheim-Bruche, à quelques centaines de mètres. Le rendez-vous est fixé derrière le stade, rue du Moulin.
Le président de l’association fondée en 2016, Guillaume Bourlier, explique les changements pratiques, mais aussi politiques :
« Le combat contre le GCO a mis le pied à l’étrier à beaucoup de personnes qui n’étaient pas militants dans l’âme. En discutant, on se rend compte qu’il ne faut pas seulement s’opposer, mais aussi pouvoir proposer. Comme l’association existait, le plus simple a été de changer les statuts pour élargir ses objectifs, afin de proposer des alternatives au niveau local. Notre exemple, c’est la transition énergétique à Ungersheim, même si tout n’est pas parfait et qu’il ne faut pas idéaliser. C’est à la société civile d’initier des choses, car on a vu avec avec le dossier du GCO qu’on ne pouvait pas compter sur le sens des responsabilités de nos dirigeants. »
L’association se déclare désormais aussi « Pour le changement de nos modes de vie ». Le nouveau lieu fait partie de ce changement de position :
« En étant sur le terrain derrière le stade, on sera plus visible et ce sera plus simple d’accéder au festival. Le village ne pourra pas ignorer qu’il se passe quelque chose… Et puis je ne voulais pas être dans le rôle de l’éternel opposant, au GCO ou au maire du village (qui dès le début a toujours négocié des compensations avec Vinci, plutôt que de s’opposer comme à Kolbsheim ndlr). Nous allons par exemple proposer le défi Famille Zéro Déchet, soutenu par les municipalités d’Ernolsheim-Bruche et de Kolbsheim qui nous aident pour la communication ou pour avoir des locaux. »
L’étape finale de l’AlterTour et les journées d’été des écolos
Le festival débutera vendredi en fin d’après-midi avec l’arrivée finale du 11ème AlterTour, un circuit à vélo parti d’Amiens le 14 juillet pour aller à la rencontre et promouvoir les alternatives (à ne pas confondre avec Alternatiba, qui a déjà fait étape à la Zad mi-août). La soixantaine de cyclistes arrivés la veille à la Maison Mimir à Strasbourg sont attendus vers 17h, après être partis à 14h30 du musée d’art moderne de Strasbourg. Être certain de recevoir ces participants dans de bonnes conditions a aussi pesé dans le choix du lieu.
Sur place, des concerts sur deux scènes assurent l’aspect festif, autour d’une petite restauration. Trois visites « naturalistes » et une visite « gourmande » jusqu’au samedi soir visent à mieux connaitre ce site naturel. Enfin, un cinéma en plein air proposera des contes, des projections de documentaires et même une cérémonie religieuse. Comme lors des éditions précédentes, il est possible de camper sur place.
Le festival se déroule en même temps que les journées d’été du Parti écologiste européen et d’Europe Écologie – Les Verts (EELV) à Strasbourg. Cette concordance permettra d’assurer le volet le plus politique du festival.
Le samedi 25 à 11h30, les eurodéputés écologistes sont attendus pour des prises de parole de soutien. Dans la foulée, vers 13h, d’autres orateurs sont attendus, notamment par le vice-président de l’Eurométropole et adjoint au maire de Strasbourg, Alain Jund (EELV) et peut-être la députée de la circonscription Martine Wonner (LREM) qui a récemment rendu publique son opposition au projet.