Au bout d’un passage secret, un jardin
Après une belle soirée festive, dansante au son du blues d’amis de Fabien notre accueillant de la tête haute, la nuit fut courte. Nous décollons sous le soleil et rejoignons dès que possible la Loire en traversant le beau village en pierres de Oudon. Nous longeons l’eau par une piste cyclable un peu cahotante pour la remorque mais notre fille de 3 ans et demi semble s’en accommoder. On approche de Nantes. Le retour à la ville n’est pas très agréable. On était mieux loin des zones industrielles et du vacarme automobile. Nous progressons le long d’un trottoir dans un brouhaha de voitures roulant à toute vitesse dans cette rue passante. On longe un long mur de pierres sur lequel figure une inscription en graffiti végétal : « jardin à défendre » . Et là, surprise, se dissimule un passage presque secret derrière des plots décorés de mosaïque. On salue le totem et nous empruntons un petit sentier qui serpente entre une allée de fougères qui débouche sur une première clairière où pousse du seigle. C’est le jardin des ronces.
Un jardin sauvage au cœur de la ville
Pour se déplacer entre les différentes clairières, nous devons évoluer dans une sorte de labyrinthe : de véritables murs végétaux de ronces patiemment régulés par les habitants et jardiniers de ce lieu forment des sentiers biscornus au détour desquels il n’est pas rare de se faire surprendre… Par une sculpture, un four à pain, un puits, une parcelle cultivée en mode « paresseux », une tour d’observation, un poulailler, une serre igloo où se côtoient cosmos et courges… Nos enfants adorent se courir après, jouer à se perdre et à avoir peur, découvrir des coins inexplorés, se réjouir de la promesse des confitures de mûres à venir en picorant ici où là les premières à être arrivées à maturité. Un jardin presque sauvage en pleine ville, refuge pour petites bêtes, jardiniers militants mais aussi pour âmes cabossées, indignées et résolument engagées dans le « penser et vivre autrement » … Ce jardin et sa terre vivante, sans béton, pourront -ils elle être suffisamment fertiles pour faire grandir des actions fédérant différentes initiatives nantaises ?!? Nous le saurons demain au cours d’une balade bien singulière…
Elise Capitaine, alterjournaliste, le 18 juillet 2019 à Nantes
Photo © Cléa Mosaïque – www.cleamosaique.com