Bonne nouvelle pour les agriculteurs, il pleut toute la matinée. C’est une moins bonne nouvelle pour les altercyclistes, qui émergent de leur tente en cape de pluie. Réactifs, les préparateurs d’étape adaptent le programme à la météo. Puisque nous ne pouvons pas pédaler jusqu’au site de l’accueillant, c’est l’accueillant qui viendra à nous.
Des herbes aromatiques, médicinales… et autonomie
Marc et Lotti, fondateurs de l’Herbe à l’aise, nous rejoignent donc sous le hangar de la Ferme des Arbolets. Assis aux pieds de grands silos à grains, nous écoutons avec passion les deux Suisses nous raconter leur exode vers la France lorsqu’ils avaient 20 ans, en quête d’une terre pour vivre en autonomie totale sans raccordement à l’eau ni à l’électricité. « Nous cherchions une ruine à retaper, mais en Suisse il n’y a pas de ruines. Et puis niveau climat, la France était un bon compromis entre la Suisse et l’Equateur ».
Ils posent leurs bagages dans le Gers où ils trouvent le site idéal, pas trop venteux ni trop vallonné (ils ne se déplacent qu’à vélo). Sans bagage académique, ils apprennent des livres et de leurs propres erreurs. En un an ils retapent la maison, et commencent à planter des herbes aromatiques et médicinales, vivant sans électricité et au rythme des saisons. Ils livrent les herbes et des sirops à Auch en carriole à vélo. Leur famille s’agrandit de deux filles qui se rendent à l’école en pédalant. Pour la cuisine un four solaire à parabole est suffisant. Pour l’eau une pompe immergée fonctionne à l’énergie solaire et est purifiée par un filtre en céramique. Pour la santé les herbes sont efficaces, le médecin restant accessible pour les maladies plus graves. Un poêle à bois réchauffe l’hiver, une saison que Lotti apprécie car elle se prête au repos et au ralentissement de l’organisme. A les écouter, vivre paraît simple et évident. La simplicité volontaire se forge tout de même au fil des années passées à accorder son mode de vie avec ses convictions.
Auch : les alternatives attendent l’AlterTour de pied ferme !
A 14h, l’éclaircie nous arrache à cette magnifique famille et à nos amis des Arbolets. Nous rejoignons Auch où nous attendent pas moins de cinq alternatives. L’Abri des Possibles, un café associatif qui offre un repaire à de nombreuses associations, propose des boissons non alcoolisées à prix libre, et organise de nombreux ateliers pédagogiques et soirées culturelles. Le Cinéma associatif Ciné 32 nous fait découvrir les coulisses de sa programmation indépendante. L’association Valoris a fondé une ressourcerie-recyclerie qui nous expose toutes les étapes de l’up-cycling, la revalorisation d’objets jetés ou donnés (l’étape après Emmaüs). La Caserne d’Espagne est une ancienne caserne militaire, en cours de réhabilitation par la ville et les habitants. Enfin l’association Atelier du vélo offre à ses adhérents l’assistance et les outils pour réparer leur vélo ou même le fabriquer à partir de pièces détachées, avec une vocation sociale pour tous les publics. Leur nouveau projet est une vélo-école pour diffuser cette vision de la mobilité.
La journée se termine par une soirée festive avec concert et bal traditionnel et un repas organisé par l’Abri du possible et leurs amis. Décidément Auch est une ville bien altersympathique.
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