Bière, bière, bière… everywhere.
Chaude et dansante fut la soirée chez Samuel et Fabien, gelée fut la nuit dans le pré aux éoliennes, mais vaille que vaille, l’altercyclade garde le casque et la tête haute ! Une fois encore, direction bière : du matin au soir, du soir au matin, ça brasse et ça brasse… du grain au houblon, du houblon à la levure, toujours en fermentation haute d’échanges et d’idées, de trucs et d’astuces, de recettes en process, de geekeries en machineries. Bière dans la tête, bière dans les yeux, bière dans l’âme, chevillée au cœur, bière dans les jambes et dans le nez aussi. Bière everywhere.
Chacun prend son quart et chacune prend son tour
Dans cet écrin mouvant des alters de la soif, le pain liquide vient, l’espace d’une journée, colmater les fuites du temps et de la société liquide. Et c’est bien d’une convivialité qu’il s’agit, bâtie autour de la jolie bulle. Et chacun prend son quart et chacune prend son tour : réveilleur bienveillant, cuistot alléchant, gardien du temps, vaisselleur accueillant, chauffeur rassurant, flècheur tournant, serre-file encadrant, guide déroutant et d’autres métiers, d’autres fonctions qui font le larron. L’AlterTour, c’est en fait le tour des autres où ego est un alter, mais jamais un enfer.
De lianes en lianes nous serpentons entre deux mers, contre vents et marées
De Couffé au Loroux-Bottereau. Les moulins électriques indiquent par leur ombre alternative les 9 heures du départ. La zone d’activité du Charbonneau (Couffé) s’éloigne derrière notre pédalée fantastique. Les gilets oranges ferment la marche, le minibus ronronne à chaque câlin de la route.
Bientôt, Oudon revient dans nos rayons et nous passons, dans un regard ébloui, Sa Majesté La Loire aussitôt incendiée, en pleine ascension, par des diesel insultants. Le doigt d’honneur nous indique le summum où surgissent les coteaux de blancs fraîchement sulfatés (Champtoceaux).
De lianes en lianes nous serpentons entre deux mers, contre vents et marées jusqu’à La Chapelle-Basse-Mer. Les mains approchent la boîte et reviennent en pluie vers amandes, noisettes, raisins et cacahuètes. C’est la pause. Hélios fait son malin en avril sur le déclin.
Quelques révolutions plus tard et les estomacs chantonnent aux abords du Loroux-Bottereau. Pour une fois, le déjeuner part sur un bon cru. Une légumade sauce animale et végétale pour un parfait œcuménisme. Le tout, dans un cocon de verdure ouvert aux jeux des écoliers et aux nouveaux hôtes qui se mêlent à nos roues.
La Conviviale : une brasserie nichée dans une commune de vignerons
Du Loroux-Bottereau à Château-Thébaud. 14h30, le retard un peu crapuleux lance les pédalants dans une côte de mollets en furie. Les premiers pelotons de Muscadet s’unissent aux coassements de la Haute-Goulaine qui nous narguent jusqu’à destination.
Nous jetons finalement nos grappins, au-delà de La Maine, à Pont Caffino. Les tentes se montent avec entrain dans la perspective de prendre des douches chaudes et de visiter une brasserie que l’on dit Conviviale, c’est marqué sur l’étiquette. In binouze veritas.
Dernier briefing et retour à Château-Thébaud pour rencontrer des brasseurs de bonne aventure nichés dans une commune de vignerons. Qui l’eût cru ? De quoi réconcilier le petit peuple d’Astérix avec les habitants du camp de Petibonum.
« La Bière, c’est comme la cuisine ! »
A notre arrivée à La Conviviale, les fûts sont dressés à l’extérieur et les pichets les rejoignent dans un mouvement d’effervescence assoiffée. Le jeu du palet côtoie celui des palais et le fruit de la passion s’invite dans la blonde, en tout bien tout honneur. Les convives apprécient l’œuvre des deux alchimistes Nicolas et Etienne. « La bière ? C’est comme la cuisine : tu changes tes recettes comme tu veux » nous lâchera Nicolas, ancien ingénieur reconverti dans la céréale à boire. Et notre hôte d’ajouter : « Être brasseur c’est être bricoleur » ou encore « La France est en train de se rebrassicoliser ». Comme quoi, la bière délit les langues et nous rend tou·t·e·s un peu philosophes.
Yann