Pour sa douzième édition, l’AlterTour traversera la France du nord au sud, sur la façade atlantique, reliant Angers à Pau. Du 13 juillet au 25 août, les « altercyclistes » partiront à la découverte des alternatives nichées dans les campagnes, avec pour thème du tour : la démocratie. Interview de Mathieu Fromont, coordinateur de l’AlterTour.
Comment avez-vous pensé le parcours de la 12e édition de l’AlterTour ?
Après une réunion avec 80 participant.e.s de l’édition 2018 de l’AlterTour, nous avons défini une zone géographique en essayant de lier envies personnelles et proximité géographique avec des altercyclistes pour organiser les étapes. Nous voulions également passer par des lieux où nous n’étions jamais allé.e.s, ou il y a très longtemps. Il peut y avoir des lieux militants, des alternatives, des régions ou départements particuliers. Nous visons des entreprises dans l’économie sociale et solidaire, des fermes bio, en biodynamie, en permaculture, des ateliers de réparation de vélos, des chantiers d’éco-construction, des lieux de résistance contre des grands projets inutiles, des centres sociaux autogérés… En imbriquant tout cela, en co-construction avec tous les participant.e.s, nous avons tracé ce parcours.
Quel est le thème de cette année ?
Cette année, le thème de l’AlterTour est la démocratie. Nous allons interroger les collectifs rencontrés sur leur fonctionnement interne : fonctionnent-ils en autogestion, de manière horizontale ? Organisent-ils des élections sans candidat.e.s ? S’il s’agit d’une association, fonctionnent-elle sans président.e ? Nous les interrogerons également sur les outils que ces collectifs mettent en place au quotidien.
Nous allons réfléchir à la manière dont nous pouvons permettre aux citoyens de surgir dans la vie démocratique en dehors des élections. Dans le contexte des Européennes et des gilets jaunes qui demandent un référendum d’initiative citoyenne, il nous a paru intéressant de questionner cette thématique, d’autant plus que nous, au sein de l’association, nous fonctionnons en autogestion, sans président.e, de manière horizontale et en consensus.
Comment se passe le quotidien sur l’AlterTour ?
Chaque jour, nous définissons les tâches de la journée pour que tout se passe au mieux. L’équipe d’organisation compte une cinquantaine de personnes qui se relaient au fil du parcours. Mais quand nous sommes sur le tour, on a du mal à savoir qui est dans l’organisation et qui est participant.e parce que tout le monde est actif dans la logistique. Les participant.e.s et l’organisation se répartissent les tâches, avec des rôles tournants, tout au long de l’AlterTour. Par exemple, il faudra écrire un article sur les accueillant.e.s de la journée, préparer à manger pour tout le monde, faire la vaisselle, s’occuper du réveil-matin, conduire les véhicules de logistique, conduire le groupe à vélo…
Lors de nos discussions avec les lieux visités, nous leur demandons s’ils sont la capacité d’accueil de 60 personnes, donc une cinquantaine de tentes. Sinon, nous cherchons un terrain municipal proche pour passer le plus de temps possible dans l’échange et dans les chantiers participatifs que nous allons mettre en place tout au long du parcours.
Nous essayons de mettre en place les rencontres les plus interactives possibles. Cela peut passer par des chantiers collectifs, comme monter un mur en terre-paille, faire du pain, rénover un bâtiment de manière écologique, récolter des légumes ou des fruits… Nous ne nous limitons qu’à l’imaginaire de l’accueillant.e.
Sinon, quand il n’y a pas la possibilité de mettre en place un chantier collectif, nous réfléchissons à d’autres outils en fonction de la thématique du lieu. Nous organisons par exemple un débat mouvant. Cela consiste à poser une question, répartir spatialement les personnes qui répondent « oui » d’un côté et celles qui répondent « non » de l’autre, puis nous faisons débattre le groupe avant que l’accueillant.e ne donne son avis sur la question.
L’étape-type : nous roulons le matin pour environ trois heures, nous arrivons sur le lieu à midi, nous mangeons avec nos accueillant.e.s, nous installons le campement. Ensuite, nous avons une présentation du lieu, un chantier participatif. Nous préparons le repas tous ensemble, nous dînons tous ensemble. Et enfin, un petit concert pour la soirée.
Quelle est votre différence avec le Tour d’Alternatiba ?
Nous sommes assez proches d’eux, dans l’état d’esprit, mais pas dans la façon de faire. Le tour Alternatiba va de ville en ville, en fédérant des alternatives sur son passage, en organisant des événements militants et festifs. Quant à nous, nous faisons plutôt un tour des campagnes, en allant sur un lieu particulier, pour essayer de connaître le projet de l’intérieur et comprendre la réalité des personnes qui animent ce projet. Il peut y avoir des villages d’alternatives qui se constituent à l’occasion de notre passage, mais ce n’est pas systématique.
Comment faire pour rejoindre l’AlterTour ?
Pour participer, il faut adhérer à l’association Altercampagnes, avec une cotisation de 10 €. Pour l’édition de 2018, nous étions 310. Cette année, nous devrions dépasser les 350 participant.e.s. En moyenne, les altercyclistes viennent pour une durée de huit jours, mais il n’y a aucune limite de durée. Il suffit de s’inscrire à chaque tronçon de parcours souhaité, sur le site internet de l’AlterTour et de payer un prix de journée, variable suivant une grille tarifaire.
Aujourd’hui, il nous reste une vingtaine de jours d’inscriptions et une moyenne de 53 participant.e.s par étape. Nous allons arriver facilement à 60. Cette année, je pense que nous serons plus de 350 altercyclistes, en tout.
Cypriane El-Chami, Kaizen