Ce fut une journée très dense, la journée de « repos » à Nantes. Nous avons fait une « balade des lieux à défendre » (BLAD), en mode « VÉLORUTION » (c’est-à-dire groupés sur une voie de circulation comme si nous étions un véhicule lent et long).
A chaque étape, nous avons fait une action préparée la veille.
En partant du jardin des Ronces, une immense banderole fut accrochée au mur : » Le jardin des Ronces contre le projet des Gohards ». A proximité, où un panneau de la ville dit « Les fermes de Doulon 2018/2023, trois fermes à installer », on a rajouté « Fausses fermes, vrai béton »
Après un long périple à travers la ville , nous sommes arrivés devant le CHU Nous avons fait la queue pour prendre un ticket d’accès aux soins. Une personne avec un mégaphone nous a annoncé plusieurs mois d’attente pour des maux variés et des urgences surchargées, pour ceux qui sont allongés par terre. Le délai pouvait être raccourci allongeant une somme à une clinique privée. Sur notre banderole, on pouvait lire : « Plus de lits, plus de postes, moins de béton, de privatisation. Et par terre : « Stop à l’hôstérité ».
Sur le parvis des nefs(dit Esplanade des machines), nous nous sommes mis en cercle avec des membres de « Extinction Rebellion », mouvement de désobéissance civile non-violente.
Avec eux, nous avons alerté les passagers d’un éléphant géant mécanique qui s’avançait lentement sur l’extinction de la biodiversité et le réchauffement climatique,selon les rapports du GIEC et de l’IPBES : Changeons ensemble le système ; pour nos enfants et petits-enfants ; ne leur laissons pas une terre invivable.
Nous avons ensuite gravi la Butte Sainte Anne pour accéder à un belvédère surplombant la carrière Miséry. Dès le 16ème siècle, on y extrayait du granit. Jusqu’en 1985, il y avait des brasseries de bière. Ensuite, la nature y a repris ses droits.Mais elle fut rasée pour l’aménagement d’un « jardin Extraordinaire »(réalisation en cours), avec cascade, plantes exotiques et une œuvre d’Art géante »arbre à Hérons » censée attirer beaucoup de touristes, projet coûteux.Apprenons à fréquenter les friches, à rester modestes, à déplorer une habitante, membre du collectif Puma qui a écrit un livre : « Carrière Miséry, destruction de la vie sauvage. » Elle nous a parlé des industries, des faubourgs ouvriers…
Nous avons retraversés Nantes pour arriver à l’oasis du Cens, rivière du même nom qui se jette dans l’Erdre, laquelle se jette dans la Loire à Nantes. c’est un jardin collectif, accepté par les élus après un certain temps de latence. Il y a surtout des petits fruitiers, les membres du jardin récupèrent des invendus d’une grande surface bio et cultivent des légumes sur un terrain mis à disposition par un agriculteur. Ils en vendent à bas prix à des étudiants, la fac est en face, et font la cantine pour des exilés et pour des groupes comme nous.
Après le repas, Laura nous a parlé du Yellow park, projet gigantesque sur 86 hectares devant comporter un méga stade à la place du stade existant : une clinique, un centre de santé mais en partie annulé par le CNDP. Nous avons soulevé la critique du sport professionnel déshumanisé.
De retour au Jardin des Ronces, nous avons écouté une conférence de Romain sur « l’effondrement joyeux » ; il travaille en partie avec Décroissance 44 sur Nantes au près d’associations pour les sensibiliser et leur proposer une vraie stratégie : la perte de biodiversité, le dérèglement climatique, les fragilités systémiques politiques économiques sociaux…qui induisent un risque d’effondrement. Mais au lieu de se résumer à le subir on peut agir au niveau individuel et collectif par la sensibilisation, la compréhension et déconstruction des problématiques, le blocage des destructions (boycott…), la proposition d’alternatives (permaculture…). Chacun peut choisir le mode d’action qui lui convient s’en s’éparpiller à essayer de tout faire. La seule urgence c’est d’arrêter d’accélérer. Nous avons parlé de la décroissance et de la limitation de la consommation. Un cercle de parole a clôturé cette journée très riche.
Dutti et Benoit