Ça commence comme un poème de Baudelaire « quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle…. ». Devant le café qui passe des papiers s’envolent. A peine réveillés et agglutinés debout autour des victuailles du matin, le vent nous enjoint à déguerpir de son terrain de jeu (un terrain de foot en fait).
Eole secoue les toiles et appelle les nuages qui jettent déjà leur eau de lavage sur les toiles encore chiffonnées par leur nuit trop courte. La tartine dans la bouche nous n’avons pas assez de nos deux bras pour plier, bouchonner, tire bouchonner nos trucs et nos machins dans leurs sacs, sacoches, pochons, boites, housse, trousses… Ce matin, le café sera très allongé.
Le vent fait le boulot imparti au gardien du temps. Il nous presse au départ, nous pousse, chargés de nos nombreux bagages, à passer sous le pont remplir le grand camion resté à la lisière des constructions des hommes trop basses pour lui.
Sous le ciel gris, entre l’eau kaki de la Moselle et les verts humides des arbres, nos capes dépliées font des pointillés colorés dans la nature d’humeur automnale.
Est-ce la morosité du temps qui s’est transmise à notre cortège, notre vélorution à Metz ? C’est vrai qu’il faut chercher les piétons en ce samedi de juillet pluvieux. Quatre personnes au marché bio….
Si quelqu’un apprécie la pluie et le désert humain qu’elle suscite c’est le jardinier du jardin éphémère –sous surveillance vidéo- installé devant le grand théâtre , « quand il y a trop de soleil il y a du vandalisme »….
Quelques coups de pédales et notre humeur s’allège, nous voilà dans un jardin associatif à vocation pédagogique de CPN Coqulicots, un havre de verdure et d’inventivité au milieu de barres d’immeubles tristes. Le poulailler abrite OPO, ORI et OVER (vous voyez le jeu de mots). Over, c’est la plus grosse, la Meusienne, elle est blonde, légèrement ambrée… mais ici, on ne les mange pas ; elle est douce sous les doigts car elle se laisse caresser comme un chien. Plus loin, le corbeau commotionné par sa chute et apporté par une petite voisine accepte sans broncher sa convalescence et la promiscuité des volailles. Déjà quelques altertouriens portent de grosses pierres de Chaumont pour continuer la spirale aromatique du jardin, d’autres colmatent les petits espaces avec de plus petites pierres. Lorsque la spirales de pierres sera terminée, les vides intérieurs seront comblés avec de la terre puis plantés d’herbes aromatiques. La spirale de pierre permet de créer des micro climats différents, c’est un système ingénieux et esthétique pour faire pousser des plantes d’origine géographique différentes.
Mais il nous faut déjà quitter nos hôtes fort sympathiques pour manger du bitume jusqu’au camping de Volstroff.
La nature, la gentillesse et la vitalité des hommes a eu le pouvoir de changer la tonalité du poème, lançant un autre vers le crépuscule de notre journée « la nature est un temple où de vivants piliers… », lançant d’autres musiques et d’autres chants .
Véronique