Une enclave maraîchère et permacole
A 23 km d’Annecy, un peu perdu entre une zone artisanale et une zone naturelle poussent les légumes du Paysan des Marais. En 2016, ils sont trois à porter ce projet d’installation maraîchère en permaculture avec Le Potager des castors, association créée pour l’occasion. Poussés par des copains des réseaux alternatifs associatifs ils répondent un peu rapidement à un appel à candidature et, retenus, voilà les choses qui se lancent concrètement ! Aujourd’hui seul Laurent, le Paysan des marais, continue l’aventure et avance dans sa transition permacole. Dans les champs il faut comprendre le fonctionnement de chaque légume, faire évoluer le dessin de la ferme, tester de nouvelles pratiques… Dans les relations humaines il y a l’amour de transmettre à de nombreux stagiaires, jeunes en difficultés, wwoofers ou simples visiteurs les pratiques agricoles bien sûr, mais surtout une philosophie. Car ce qui a amené Laurent à la permaculture c’est de comprendre le fonctionnement du monde, ses inégalités et l’entrelacement du système. Chez le paysan des marais il faut s’attendre à parler de design de vie et pas seulement de celui de son jardin.
« Ralentir rend heureux »
« Je me suis rendu compte que rester dans mon TGV me faisait faire des choses que je ne voulais pas. Je me suis alors dépêché de ralentir pour être heureux. Ralentir nous permet de faire un pas de côté et d’agir autrement. C’est comme ça que je vis personnellement ma transition, à la fois dans ma relation avec la nature et dans mes relations humaines. Lors de formations et de cercles d’adultes, je me suis rendu compte que le temps de l’écoute est indispensable : ça donne le sourire et enrichit les relations. Les semis de carottes aussi ont été une bonne remise en question sur le rythme. L’année dernière j’ai raté mes semis. Résultats pas de carottes dans les paniers de l’AMAP. Les temps de la nature sont encore plus lents que ce dont j’avais conscience. Mais si je ralenti alors je vois comment je dois anticiper les choses, je me mets à bichonner le temps que j’ai pour mes semis de carottes et je me mets dans les conditions pour que ça fonctionne. Je suis persuadé que ralentir c’est vraiment la manière de déconstruire la croyance que croissance = bonheur. Ça amène un profond changement de paradigme. »