Mardi 11 août, 6h30.
Le soleil se lève sur la Loire et l’île aux oiseaux.
J’entrouvre les yeux et m’extirpe de mon duvet à la vitesse du feu. J’entends des acclamations, je me joins aux applaudissements. Emma et Laura, altercyclistes, sont sur un radeau. Ça sonne comme le début d’une vieille blague. Elles partent de Bou et fières, accompagnées de Pierre, Michel, Nicole et Francine, les propriétaires de l’embarcation. Il s’agit d’un fameux sans mat, fin comme un camion, hissez haut, le Dodeïon. 18 nœuds, 400 tonneaux, heu non, 2 nœuds et 4 bidons, je suis fière d’y être moussaillon. Voici donc le programme de notre matinée : 2×2 altercyclistes sur un radeau, escorté.e.s par le reste du peloton, à vélo. Ça c’est la théorie car dans la pratique, la Loire est tellement basse que le radeau peine à avancer. En 37 ans, c’est du jamais vu pour le Dodeïon, qui, mis bout à Bou, a parcouru la Loire de Nevers à Nantes. Aujourd’hui, il se pare de ses plus beaux atouts, de grandes banderoles défendant la terre et la Loire. Les propriétaires militent contre l’artificialisation du paysage au sein du collectif de La Grande Pièce.
Un chantier expédié à la maison intergénérationnelle
Pendant que je bourde à bâbord et à tribord, l’alter tribu est accueillie à Saint Hilaire Saint Mesmin par Guillaume, dans la maison intergénérationnelle d’Anne et Siméon. Il s’agit d’une grande maison, en extension et en rénovation, créée par un ancien soignant, soucieux du sort que nous réservons aux petits vieux et petites vieilles dans notre société.
Ici, pas d’Ehpad, pas de banc de touche, tout le monde participe à la vie collective selon ses capacités, les 12 personnes âgées comme les 6 étudiants. Dans ce lieu, entre colocation et habitat partagé, résident également le fondateur et sa famille. Il assure l’animation et la coordination du lieu et cet après-midi, il a prévu pour nos altercyclistes des petits travaux dignes d’Hercule. Ni une ni deux, les altercyclistes remontent leurs manches et débroussaillent, trient des piles de bois et réalisent en 2h ce que Guillaume aurait fait en 15 jours.
Après l’effort, le réconfort !
Je rejoins le groupe après avoir démonté le radeau et suis Geneviève, préparatrice d’étape qui nous invite au jardin du Coquelicot autour d’une petite bière. Le Coquelicot est un jardin partagé, mais pas que.
Engagé.e.s, les participant.e.s ont mené des réflexions sur l’eau et les économies d’eau, en installant des Oyas (jars souterraines), sur le partage de graines en créant une grainothèque avec la poste, bibliothèque de graines acclimatées au territoire et travaillent avec les élus locaux pour intégrer d’avantage l’écologie aux programmes électoraux.
À l’époque, la mairie leur avait prêté le terrain en leur disant « gardez le beau ». Le défi est largement relevé.
Je m’étends sous les arbres, pour une nuit à la belle étoile où je perçois le ciel à travers le feuillage. Ma tête est remplie de ces rencontres vibrantes, poétiques et toujours plus inspirantes. Puisque ici les rêves deviennent réalité, quels plus beaux songes pourraient venir à moi cette nuit ?
Grande Marie