Aujourd’hui, réveil pluvieux. Les chaussettes sont mouillées et les chaussures clapotent. « Alter, Alter, réveille toi, comme s’il ne pleuvait pas » sur l’air de Aïcha. Bon ben puisqu’il faut y aller….
Une activité agricole mixte
On est au Tiers-lieu agriculturel l’Abre, près de Bayeux, dans une double ferme laitière et maraîchère, et on a visité ces deux espaces hier soir. Moi j’étais au maraîchage, j’ai pas tout compris parce que les explications étaient très complexes et que bon, c’est pas mon domaine d’activité…mais ce que j’ai capté c’est que Guillaume expérimente beaucoup dans son jardin agroforestier, il ne note rien et connaît son espace par cœur : paillage de compost vert, d’herbe coupée, il teste, plante, cueille ou arrache, replante, et recommence.
Vous avez dit tiers-lieu ?
Oriane, Guillaume et Aurélien nous accueillent chez elleux, et nous parlent de leur projet de lier culture et agriculture. Une étudiante en agriculture, un maraîcher, un historien, une ferme avec des bâtiments qui appartiennent déjà à la famille, on mélange tout et ça fait le tiers-lieu.
Pour compléter le tiercé gagnant, un coliving a été créé, tout près de la ferme laitière et du jardin maraîcher. C’est un gîte étape type auberge de jeunesse, des personnes restent à long terme (comme les stagiaires du jardin) et d’autres à court terme, les touristes de passage. Tou.te.s les habitant.e.s peuvent proposer des activités, pour une programmation éclectique : projection, cafés philo… Tout cela est porté par une structure associative avec une direction collégiale volontaire qui comptabilise 110 adhérent.e.s.
A l’arbre il n’y a pas que les graines qui germent, les idées aussi
Ce qui est marrant par rapport à d’autres lieux qu’on a pu visiter, c’est qu’ils sont vraiment jeunes, et comme ils disent « on n’a pas de petrole mais on a des idées ! » Ils organisent aussi un festival en août, la troisième édition sera du 20 au 22. Comme leurs idées fusent, iels imaginaient aussi une fête de la courge pour écouler une tonne de courge, mais la Covid oblige, ça a dû être annulé et remplacé par des livraisons de courges à vélo. Pour lier culture et agriculture, un projet d’école alternative germe dans leurs têtes, ainsi qu’un projet de café associatif.
Et puis zou, on enfourche nos montures et on file vers de nouvelles aventures.
A la Barberie, c’est loin d’être la barbe !
En fin de journée, on arrive à la Barberie, sous le soleil, de la musique résonne dans la cuisine en plein air pendant que des wwoofers ont les mains dans de l’argile. Ici aussi ça fourmille d’idées et d’activités, qui prennent place dans une ferme familiale datant du XVIème siècle. S’y côtoient Serge, un boulanger qui est passé en bio il y a deçà 35 ans, Philippe, un ancien cuisinier reconverti en formateur en restauration collective écolo avec son collectif Les pieds dans le plat, et leur cousin Patrick qui est plutôt dans la production de lait et de crème. La mère de Serge et Philippe a initié la pluri-activité à la ferme il y a environ 70 ans en étant la première à ouvrir une chambre d’hôte à la ferme en Normandie : une femme précurseur de l’agritourisme ! Pour tenir la cadence, la famille produit 1000 litres de cidre par an avec les pommiers du jardin pour leur consommation personnelle.
Sur le lieu, on trouve aussi des ateliers bois, des tiny house, une activité de maraîchage. L’ancienne auberge paysanne construite par Philippe dans les années 2000 dans une vieille étable à cochons accueille aujourd’hui des porteurs de projets qui louent les locaux, et les forme, en parallèle de l’aide fournie aux écoles publiques pour transitionner. Il nous propose d’ailleurs des ateliers de cuisine collective, ou l’on apprend à faire de denses et énergétiques barres de céréales, à retenir pour la suite !
Célia
© Orianne Drouet