• Une histoire de yourte
Il y a tout juste quinze ans, pendant que certain·es se lançaient dans le challenge d’un tour à vélo engagé (aujourd’hui connu sous le nom d’« AlterTour »), un jeune homme de 36 ans se lançait dans la construction de sa première yourte. Puis l’engrenage a pris, année après année. Alors que les altercyclistes exploraient les alternatives sur les routes de la France, Alain s’est pris de passion pour les yourtes et en a construit plus de trois cents. Aujourd’hui dans les collines des Cévennes c’est un véritable « petit village témoin » qui a émergé : plusieurs yourtes, deux roulottes, des cabanes dans les arbres. C’est un univers à part. Quinze personnes peuvent y habiter, pour apprendre à construire leur yourte lors d’un stage avec Alain ou pour passer par curiosité.
• Revisiter le rêve de confort
Mais pourquoi cette folle envie d’habitat nomade ? Certains rêvent de villas avec jardin, d’autres de yourtes. Ces rêves ne sont pas bien différents sur le papier, la yourte se pose souvent dans un petit coin végétalisé pour mieux profiter de notre environnement. Mais la comparaison s’arrête là. Le vrai plus de la yourte c’est son aptitude à se fondre dans la nature : on entend les oiseaux, il y a beaucoup de lumière, de l’espace et c’est bien isolé. Un vrai confort. Une reconnexion au vivant qui, il y a quinze ans, n’était pas autant évoquée qu’aujourd’hui. Depuis, Alain ne peut plus vivre dans une maison classique, même s’il s’en est construit une par le passé sur son terrain.
Derrière cette réinterprétation du confort se cachent aussi un requestionnement des racines de l’actuelle société (idéaux de confort, rapport à notre environnement, construction de pavillon, place de la finance, individualisme, dépendance aux énergies…) et l’envie d’aller au-delà des critiques pour expérimenter d’autres possibles. Alain, avec ses vêtements habilement rapiécés, explique qu’il ne trouve pas cela normal de passer sa vie avec un crédit pour se loger, ni de polluer en permanence. Ainsi construire sa yourte est accessible à la fois financièrement et techniquement. Une yourte permet aussi de réduire son impact environnemental grâce aux matériaux utilisés et à sa mobilité : elle est démontable et remontable sans laisser d’impact sur le terrain, une vraie différence avec les techniques de BTP actuelles de plus en plus décriées. Vivre en yourte sans énergie fossile, ou du moins avec le moins possible… c’est possible.
• Une parenthèse collective mobile pour inspirer
Tribu Vivace c’est aussi la volonté de partager ces idées par l’exemple et la pratique. Les stages de confection de yourtes permettent de transmettre à celles et ceux qui sont en demande. Mais le constructeur a voulu aller encore plus loin en inspirant sur les routes avec la force d’un collectif où les enfants avaient une importance particulière. Il a d’abord commencé par faire l’école à la maison à sa fille, puis a monté des collectifs pour construire des cabanes et les tirer à vélo. Une tribu nomade qui venait ébranler les modèles bien ancrés d’éducation entre quatre murs et d’habitats individuels obtenus au prix d’un dur labeur et sous le poids d’un prêt institutionnel intéressé. Malheureusement si le projet a existé, il a été éphémère. L’animation d’un collectif n’étant pas toujours aisée.
• Et maintenant ? Construire et transmettre toujours
C’est non plus sur deux roues, mais deux coques que l’aventure semble à présent se profiler. Grand voyageur, Alain rêve de construire un catamaran. Il a beaucoup lutté pour transmettre ses idées en collectif. Découragé par la capacité de l’être-humain à polluer sans réelle évolution positive, il se recentre sur l’éducation de ses enfants et souhaite leur transmettre sa passion pour en faire des bâtisseur·euses… de yourtes ? de cabanes mobiles ? de bateaux ? ou bien tout simplement d’une société un peu meilleure.
Pour plus d’informations :
Les trouver dans le monde réel : Drouilhèdes, 30160 Peyremale.
Les trouver sur internet ou sur les réseaux.
Christine