Ce weekend de l’Ascencion a été l’occasion pour un petit groupe de Belges et de Français⸱es de pédaler à la découverte des Alternatives autour de Bruxelles.
Comme d’habitude à l’AlterTour, il y avait une belle mixité générationnelle, des plus petits hauts comme trois pommes aux plus grands grisonnants, en passant par les trentenaires, mais pour tout le monde des mollets en acier ! Moi qui découvrait le plat pays pour la première fois, j’ai été étonnée de voir qu’il y avait des montées et des descentes, et j’ai sué pour passer un col à 151 mètres… il va falloir que je m’entraîne avant cet été pour affronter les dénivelés de l’Auvergne !
Ces quelques jours ont été l’occasion de découvrir du vocabulaire belge, afin de pouvoir comprendre une phrase telle que « l’ASBL espère pouvoir compter sur le soutien du bourgmestre et de l’échevine pour obtenir des subsides » (pour les non-initié⸱es : l’association espère pouvoir compter sur le soutien du maire et de l’élue pour obtenir des subventions). J’étais préparée à ce qu’on me demande de payer ma gaufre « trois euros nonante » et je n’ai pas été surprise d’entendre parler d’un groupe « d’une septantaine de cyclistes » mais c’est avec délectation que j’ai découvert au cours d’une conversation avec Jonas qu’au lieu de la rébarbative expression « au compte goutte » on peut utiliser l’onomatopée « en plic ploc« .
En quatre jours nous avons enchaînés les visites, avec un fil rouge entre les lieux urbains et ruraux : l’action collective.
Ainsi les maraîcher⸱es de RadisKale se répartissent les responsabilités, certain⸱es en charge de la communication ou de la coordination des bénévoles tandis que d’autres veillent sur la préparation de purins et autres décoctions ou produisent des plants dans la pépinière. A la Serre, un lieu qui mélange guinguette, cuisine participative et atelier de bricolage, j’ai eu une riche discussion avec Charlotte, qui y est salariée et qui était une mine d’informations sur le mode de fonctionnement d’une organisation horizontale. Organisation des réunions et prises de décision, définition d’objectifs, de stratégies et distribution de mandats pour agir… je suis repartie avec une liste de ressources à consulter : le livre Reinventing organizations de Frédéric Laloux et les outils en ligne de Collectiva et l’Université du Nous.
Différents lieux choisissent différents modes d’opération, ainsi l’organisation du quartier de la Baraque à Louvain la Neuve semblait plus souple et adaptable. Jacques qui nous a accueilli et nous a accompagné pour déambuler dans cette forêt de cabanes, expliquait que les habitant⸱es du lieu se réunissent sans emploi du temps fixe, quand l’un⸱e en exprime le besoin. Une autre stratégie encore était celle adoptée à l’Arbre qui pousse, tiers lieu agricole et d’habitation près d’Ottignie, où Pierre Alexandre racontait que la première année toutes les prises de décisions avaient été faites par trois personnes qui portaient le projet, pour permettre d’avancer efficacement pour le lancement, puis que la gouvernance avait été partagée plus largement grâce à une élection sans candidat.
Toujours suivant cette thématique d’un projet commun qui vit grâce à de multiples investissements, nous avons été faire le plein de bières locales et de cookies au supermarché coopératif Poll’n. Nous avons pu discuter avec Pierre, l’unique salarié de la structure, qui expliquait que ce petit magasin fonctionnait avec l’apport des contributeurices : trois heures de travail par mois qui permet des prix plus accessibles et des moments de convivialité entre collègues d’une demie journée. Nous avons aussi rendu visite à Ma ferme, près d’Enghien, une synergie d’envie et profils variés pour ce projet encore à ces débuts : de Sophie artiste plasticienne à Jess qui élève des chèvres en passant par des envies de guinguette à la ferme, une installation en maraichage, un verger accueillant une tiny-house…
Pour couronner le tout, nous avons accompagné un collectif de cyclistes à Ottignies pour une masse critique, c’est-à-dire une vélorution, c’est-à-dire une manifestation joyeuse, pour montrer que les vélos ont leur place sur la route en ville ! Nous retiendrons de cette expérience la nécessité de rouler en petit peloton serré (les cyclistes devant pédalent doucement pour ne pas semer le reste du groupe, les cyclistes à l’arrière pédalent assez vite pour maintenir l’unité) après une malheureuse expérience de perdre deux de nos participantes en bifurquant sur le chemin !
Autres expériences mémorables : à l’Arbre qui pousse, les plus fourbu⸱es ont pu se ressourcer après la journée de vélo dans un sauna avec vue sur les champs alentour et les plus vaillant⸱es ont empoigné faux et serpettes pour faucher le long d’une haie d’arbres et arbustes fraichement plantés. Je conclus par un souvenir étincelant : un concert intimiste de Roza, qui se prépare pour une tournée jusqu’à Concarneau, embarquant sa guitare et son n’goni dans une carriole solaire bricolée par ses soins.
Voilà, pour résumer, cette échappée belge c’était : des découvertes, des rencontres, de belles discussions en roulant, des blagues et des frites ! Merci à Eric et Jonas pour cette orga aux petits oignons et à toutes celles et ceux qui ont pris le temps de partager leurs projets avec nous.
– Paupi
-Photos prises par les échapéebellistes : Sophie, Phil, Chloé et Anne