Réveil en douceur avec les couleurs pastels des aurores et une interprétation d’une chanson de Georges Moustaki. On descend le chemin rocailleux jusqu’à la ferme des Gaulois. Nous sommes encore ankylosés et fatigués de la fête de la veille. Heureusement, le petit-déjeuner nous attend avec les fameuses tartines bigout de l’Alter Tour. Amandes blanches-confiture de fraises, peut-on espérer mieux pour un début de journée ? Mais on ne s’attarde pas : on plie le camp en vitesse pour partir à 8h « en punto » comme disent les Espagnols, et surtout Eric, préparateur de cette étape.
Nous atteignons rapidement Mazaugues, dont les environs font l’objet d’un projet de carrière de calcaire très contesté : approvisionnement en eau des villages avoisinant menacé, impact sur la biodiversité, destruction du parc naturel régional… Le collectif qui milite contre ce projet organise une action militante consistant à chanter une chanson écrite spécifiquement pour la cause et si possible d’en faire un clip. Dans un premier temps, notre chœur se place avant le village, devant la zone qui devrait devenir une carrière. Dans un deuxième temps, le chant de lutte résonne près de la mairie et du café, tenu par l’adjoint au maire. Le maire vient contester notre action sous prétexte que nous bloquons la voie publique. Il réitère son désaccord avec la position du collectif. De l’autre côté, un couple de villageois est sorti de chez lui pour nous encourager.
Une fois de plus on ne tarde pas et cette fois-ci, on s’élance dans une grande ascension. 600 m de dénivelé positif avec une « pause cacahuètes » revigorante et un déjeuner luxueusement servi sous le préau de la salle polyvalente du Plan d’Aups. Nous y faisons aussi notre briefing du lendemain avec la description de la journée, la répartition des taches, le flash info (chacun.e peut faire une annonce), les départs, mais pas les arrivées car la seule nouvelle nous retrouvera plus tard. La montée se poursuit jusqu’à un col d’où s’ouvre une vue magnifique sur la mer, Marseille et sa région. La chaleur écrasante est largement compensée par l’esprit de groupe, qui nous bien emmène au-delà de la motivation individuelle. La descente sur Aubagne est spectaculaire! Un moment intense qui restera gravé dans nos mémoires. On passe prendre un rafraichissement de fin d’après-midi chez l’un des nôtres. Puis un dernier coup de pédale nous amène chez nos hôtes, au centre d’accueil de Vogue La Galère.
Le lieu date de l’appel de Coluche et des restos du cœur. Les distributions de nourriture ont petit à petit amené ici des personnes en difficulté qui peuvent aujourd’hui séjourner aussi longtemps qu’elles le souhaitent. Elles vivent en autogestion, accompagnées par l’association. Un atelier sur le bois, un potager, des poules et cochons et d’autres activités permettent de se concentrer, se recentrer et s’épanouir. Et ce soir, ça n’est pas seulement avec ces personnes que nous avons l’honneur de partager notre repas : l’association Action Vélo se joint également à nous. Elle promeut le cyclisme à Aubagne en proposant des ateliers participatifs de réparation, des balades, des ventes d’occasion, des animations pour « savoir rouler » et du militantisme pour plus de pistes cyclables.
La journée a été excellente. Je regarde les étoiles en m’endormant.
Un.e Alter Cycliste joue un air à la flûte dans le lointain.
Il disparaît dans mon sommeil.