Un jeudi matin au coeur des Monts de l’Ardèche à Saint-Pierreville, nous sommes accueilli.es sur la place du village (d’environ 500 habitants) par Béatrice, Bernard et Pierre. Tous les trois sont membres actifs de l’association le Lokal qu’ils décrivent comme “un tiers lieu ouvert sur l’espace public, un lieu pour se rencontrer et créer du lien”. Ouvert seulement depuis le 31 août 2020, l’association a déjà organisé de multiples événements et compte d’ores et déjà une centaine d’adhérent.e.s.
Une association autogérée
Les dix bénévoles, vraie force motrice et dynamique, oeuvrent en groupes d’action auto-gérés, sur différentes thématiques notamment : l’action artistique – dont nous avons admiré les multiples oeuvres – mais aussi les problématiques liées à la mobilité – réflexion sur des moyens facilitateurs pour limiter l’usage de la voiture : enquête des usagers permettant d’interpeller les collectivités, réhabilitation de l’autostop, mise en place de systèmes d’auto-partage et covoiturage, location de vélos électriques, etc – et le jardin : réappropriation du jardin de ville qui était à l’abandon et constitution d’une grainothèque en lien avec celui-ci, la grainothèque ayant pour objectif de valoriser et populariser des variétés anciennes et rares de plantes, grâce à une distribution sous forme de troc.
Parallèlement, l’association constitue également un précieux interlocuteur avec les structures institutionnelles et/ou privées, et permet ainsi d’avancer de façon concrète et coopérative sur les besoins identifiés par les habitant.e.s.
Pour finir, le Lokal est un lieu mis à disposition de ses adhérent.e.s qui peuvent librement proposer des activités, des projets autogérés, correspondant aux valeurs et à la raison d’être de l’association. Ce mode de fonctionnement permet donc une appropriation des lieux et incite ainsi à l’émergence de nouveaux groupes d’actions comme par exemple la constitution récente d’un groupe de Yoga.
Visite chez les voisin.es : Le Bateleur
Non loin du Lokal, Marion et Hervé de l’association Le Bateleur nous ont par la suite accueilli dans leurs ateliers.
— Dans le Tarot Marseillais, l’arcane “Le bateleur” symbolise le fait de commencer quelque chose. C’est un projet, une idée nouvelle, les débuts d’une activité. C’est une nouveauté ouvrant des perspectives d’avenir. Le Bateleur représente la jeunesse, l’énergie active, la santé et la force vitale. —
Après un après-midi passé avec les membres de l’association à cuisiner des cookies et étiqueter des bocaux, nous avons pu ressentir cette force active dans l’intérêt de valoriser des produits locaux, sains, et de saison ( velouté de châtaigne, confitures, houmous, etc). En effet, la conserverie est née d’un projet d’une bande d’ami.e.s qui, au fure et à mesure, ont donné vie à cette association.
Marion était au démarrage du projet ; elle nous explique que le Bateleur a été propulsé par Ardelaine et Bergerade (SCOP et association de développement local) en 2010 avec l’ambition d’étoffer l’activité touristique d’Ardelaine et de régaler les papilles. L’association compte aujourd’hui 6 à 7 salarié.e.s. Au départ autodidactes, ils se sont progressivement former pour se professionnaliser : l’activité de conserverie nécessitant énormément de compétences et métiers différents (graphisme, cuisine, commercialisation, hygiène, etc).
Au delà de son activité de conserverie, l’association attache une grande importance à être dans le partage et la convivialité via son activité de traiteur et ses fameuses journées collectives de confection de coulis de tomates pour ses adhérent.e.s.
Le chantier collectif a été très apprécié par l’ensemble de notre groupe : certains ont aimé l’aspect méditatif de l’étiquetage, et les gourmand.e.s s’en sont donné.e.s à coeur joie avec la pâte à cookie ! Habillé.e.s de tabliers, de charlottes et de bottes en caoutchouc, l’espace d’un après-midi, nous nous sommes glissé.e.s dans la peau d’Hervé et Marion et avons pu partager leur activité avec eux.elles et les remercier de leur accueil.
Pour finir cette journée intense et riche
Béatrice membre de l’association le Lokal et également membre fondatrice de la SCOP Ardelaine (Société Coopérative et Participative) est revenue avec Gérard nous faire visiter Ardelaine et son musée. Il et elle nous ont emmené.e.s dans les coulisses de la confection autour de la laine, filière délaissée suite aux phénomène de délocalisation et mondialisation. Ce projet coopératif et écologique a permis de re-dynamiser l’économie locale et de valoriser des métiers et savoir-faire en voie de disparition. Le musée, la librairie, le café, le restaurant, la boutique permettent à Ardelaine de se diversifier, de créer des lieux culturels, et ainsi d’enrichir le territoire Ardéchois.
Aujourd’hui, Ardelaine est un exemple phare de projets de développement local. Il amène à réfléchir et insuffle l’énergie et l’inspiration pour porter des projets similaires.