Réveil matin, chagr’hein ?
Je croise Esther, 12 ans, qui me livre son ressentit sur son état d’esprit matinal : « fatiguée, parce qu’on s’est levé trop tôt. Six heures. Pas du tout excitée à l’idée de cette journée. »
Un souhait ? « Qu’il n’y ait pas de montée. »
Juste avant le départ de notre groupe de cyclistes, je croise Pauline, rencontrée la veille, fraichement installée avec Antonin sur un terrain voisin au jardins des semences d’Amélie où nous nous sommes réveillés.
Iels développent ensemble la pépinière des Lichous à Barjols.
Venue pour agiter les bras à notre départ, elle nous livre sa réjouissance et son enthousiasme d’être tombée sur un groupe avec une telle énergie, capable d’apporter un véritable coup de pouce au projet (assemblage d’une serre) malgré les 60kms effectués la veille !
Il est d’ailleurs temps de pédaler. Pour cette journée, assez clémente en terme de kilomètres – 38 – et de dénivelé – 300 mètres – le gros focus porte sur l’eau. Comment faire pour bien et suffisamment s’hydrater? Comme dans tous les lieux que nous traversons depuis notre départ, la question de l’approvisionnement ainsi que le niveau historiquement bas des réserves est source de stress. Dans certaines communes, cette ressource essentielle à la vie commence à manquer. Certains villages traversés sont aujourd’hui ravitaillés par camion citerne.
Petit message affichée par l’école de boules Tourvaines – lieu de ravitaillement en eau sur la route – que je choisis de relayer :
« Quand tu es brillant, tu dois éclairer tes partenaires mais pas les éblouir ».
Bienvenue chez les Gaulois
Nous arrivons tranquillement à la ferme éco-solidaire Nature Peinture qui regroupe les associations Nous Gaulois et les Colombes de la paix proposant des activités culturelles, ainsi qu’un parking solidaire afin de limiter le stationnement sauvage et la pollution en bordure de la rivière Caramy, dans laquelle nous trouvons enfin la fraîcheur.
Avant la baignade, accoudé au bar de la guinguette, un café fumant posé devant moi, je rencontre une personne qui m’annonce la venue prochaine de l’artiste HK en concert.
Pour lui, cet artiste dont le morceau danser encore est devenu célèbre durant la période de confinement instauré par le gouvernement français, porte un chant révolutionnaire, qu’il traduit en acte. En effet, HK aurait refusé de se produire dans les lieux nécessitant un pass sanitaire valide pour être fréquentés.
Cet homme, lui même musicien, considère que le spectacle peut être un outil de revendication, permettant de faire passer des idées, des paroles de gaulois. Il m’explique que le lieu sur lequel nous sommes est un endroit pour vivre, danser et chanter en convivialité, malheureusement peu apprécié par les personnes de la municipalité de Tourves.
La carrière de Mazauges – Présentation
Pour la soirée, après un briefing les pieds dans l’eau et une soupe au pistou à la mode Marseillaise, nous nous retrouvons exposés au cas d’un « grand projet inutile » présenté par des membres du Collectif Anti Carrière de Mazaugues.
En effet, au-delà de l’aspect « inutile » du projet, il s’agit de la plus grande réserve d’eau naturelle du Var qui se trouve menacé par le projet du carriériste Provence Granulat. 7 milliards de litre d’eau, un écosystème rare, des espèces protégés au sein d’une zone Natura 2000 dans le Parc Naturel Régional de la Sainte Baume, se trouvent en danger. Afin d’extraire du calcaire pur à 100% pour construire des villas sur la côte méditerranéenne. Nous apprenons qu’une lutte juridique est en cours depuis 2012, au sein de laquelle s’oppose les rapports des bureaux d’études d’un parti et de l’autre. Sur fond de mésentente au niveau de la commune et de démocratie bafouée.
Aujourd’hui 40 hectares de forêt restent à sauver. Contribuons en signant la pétition ou en participant à la cagnotte en ligne qui finance les avocats employés à la lutte juridique.
Luca, alter journaliste du jour.