Après trois jours à Lauris, le groupe replie les tentes et lève les voiles aussi tôt que possible.
C’est que la route s’annonce longue : près de 60 kilomètres au menu pour rejoindre Avignon. A 7h30 tapante (hmm hmm, « si seulement » doivent se dire les orga d’étapes), les cyclistes sont sur leur selle et le peloton part serpenter de part et d’autre de la Durance.
On se fait un break à Cavaillon, lorgnant les melons et les hordes de saisonniers sur le pont dès l’aube. La route se prolonge sous le cagnard mais le groupe tient bon et nous arrivons sans pépin dans notre campement avignonnais où un généreux déjeuner nous attend.
On prend le temps de s’installer et de se reposer de l’effort avant de se retrouver en fin d’après-midi pour un temps d’échange avec les collectifs locaux.
Tout le long d’Avignon, on dépense on dépense, tout le long d’Avignon, on dépense tout bêtement
Depuis déjà 30 ans, la ville envisage un contournement routier au sud d’Avignon avec l’objectif de désengorger le centre-ville. Cette « LEO » (Liaison Est-Ouest) est pourtant hautement controversée car son tracé passe en plein dans la ceinture verte de la ville, un des derniers espaces naturels de la région. Le collectif PUMA (Pour Un autre Mobilité à Avignon) se mobilise pour empêcher cette destruction massive mais aussi une dépense astronomique qui devrait coûter plus de 500 millions pour un impact minime en termes de diminution de bruit et de la circulation. Le projet avait été mis en veilleuse depuis le gouvernement Hollande mais revient au premier plan suite aux aides de relance post-Covid. Heureusement, les citoyens se mobilisent et organisent des actions de sensibilisation mais aussi des manifestations et des blocages. Cette table ronde est l’occasion pour les cyclistes de partager aussi d’autres luttes locales car de partout ces aberrations urbanistiques veulent imposer leurs nouvelles routes. Mais, comme le dit une membre du collectif PUMA « le vrai problème de fond, c’est le nombre de camions à diminuer ». Après l’échange, le groupe prendra la route pour se rendre sur le potentiel tracé de la LEO et découvrira ces espaces à protéger.
Enercipa, l’énergie citoyenne du Pays d’Avignon
Aaaah la question de l’énergie, une problématique complexe d’un secteur opaque et cloisonné. Créée en avril 2019, L’association « Énergie citoyenne du Pays d’Avignon – ENERCIPA » a pour raison d’être de donner aux citoyens l’opportunité de s’approprier la maîtrise de l’énergie. Transformée en Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) en mai 2021, le collectif a pour missions de :produire une énergie propre et renouvelable, dans le cadre d’un développement durable et local,
– Promouvoir la transition énergétique auprès d’un large public, par la
– Sensibilisation et la pédagogie, et par des actions de maîtrise de la demande en énergie.
A l’heure actuelle, Enercipa collabore avec la ville pour poser des panneaux solaires sur quatre grands bâtiments publiques. Via la coopérative, les citoyens peuvent prendre des parts et reprendre un peu la main sur la production et la distribution de leur énergie.
Dans cet échange complexe et dense, les cyclistes n’étaient pas avares en questions et en réflexions. Pour ma part, je ne m’aventurerai pas en détails sur cette discussion et je vous invite à découvrir le site d’Enercipa mais aussi ces deux ressources numériques riches en savoirs et informations : https://energie-partagee.org & pour comprendre l’énergie
La Roue, faire tourner la monnaie locale
La Roue est une monnaie locale complémentaire et citoyenne qui existe depuis 10 ans dans la région. Elle est d’usage dans 4 départements (Vaucluse, Bouche-du-Rhône, Alpes-de-Haute-Provence et Hautes-Alpes) et est supervisée par 7 associations locales qui animent le réseau. L’objectif d’une monnaie locale est de soutenir l’économie et l’emploi local. En France, il y a 82 monnaies locales en circulation et la Roue a déjà mis en circulation plus d’un million de Roues (une Roue est égale à un euro) avec l’obstacle que beaucoup de professionnels viennent échanger leurs roues en euro car ils n’arrivent pas à tout écouler. Néanmoins, les lieux où utiliser ses roues sont nombreux et l’association peut même investir et aider des projets locaux. Sur Avignon, trois projets ont été aidés : un restaurant, une Biocoop et l’installation des panneaux photovoltaïques sur une brasserie en partenariat avec Enercipa.
Jonas à la rédaction et Capitaine Rémi à la photo