La ferme des petites bêtes à Dachstein
Romain arrive en Alsace en 2019. Après une expérience de salariat en tant que paysagiste, avec sa compagne, ils se lancent dans une expérience alliant de multiples démarches écologiques : zéro déchet, consommation locale, autonomie alimentaire…Il découvre alors que le métier de paysan est sa vocation mais le soucis de l’acquisition du terrain est une contrainte (il faut 7 ans pour trouver 1 hectare de terrain en Alsace!). Un reportage sur l’héliciculture lui permet de trouver le modèle économique viable: 1000 m² d’élevage d’escargots suffisent pour lancer un projet. Les français sont les plus gros consommateurs et l’importation représente 95%.
Le 16 mars 2020, il obtient une autorisation d’exploitation. Rappelez-vous, le 16 mars 2020…c’est le début du confinement! Bien que les formations soient inaccessibles, il se lance dans cette nouvelle activité de manière autodidacte avec une parcelle obtenue dans un village voisin. Il bénéficie du complexe de la salle des fêtes fermé pour cause, où il installe son laboratoire de transformation. Ce sera sa meilleure récolte!
En 2021, il commence par louer ce terrain aujourd’hui envahi d’altercyclistes! Pour le coup, il y a même suffisamment d’espace pour qu’un ami maraîcher vienne s’essayer à cette activité. Et en juillet…inondation, les escargots aiment l’eau mais ils ne nagent pas pour autant!
En 2022, il achète le terrain et cette fois-ci c’est la sécheresse et les rongeurs qui s’invitent…Tout cela n’arrête pas Romain, la résilience et les opportunités lui permettent au fil des années d’aménager cette ferme des petites bêtes, alternative des plus captivantes !
Aujourd’hui, en 2024 la ferme des petites allie l’héliciculture, le maraîchage, l’apiculture, le militantisme, la conservation de semences, la pâtisserie et tant de choses…
Le conservatoire des blés
Christian et Philippe de l’association « Kerna ùn Sohma » (Blés et semences en dialecte allemand d’Alsace) nous ont présenté les cultures de blés anciens qu’ils mettent en place dans la ferme des petites bêtes. Fondée en 2010, l’association souhaite conserver les variétés de blés anciens. Ainsi elle peut mener des cultures et des expérimentations en partenariat avec les agriculteurs afin de :
- maintenir la diversité génétique et faire tourner les stocks de graines pour entretenir la diversité,
- observer les comportements des semences selon le terroir / les localités,
- expérimenter en pratiquant des croisements, de la sélection végétale….
La généalogie des variétés de blés nous a été présenté afin de mieux appréhender la diversité de ces céréales. Christian nous a ensuite emmené observer les lignes de céréales que le conservatoire a planté avec 20g de graines provenant de variétés venant de plus ou moins loin. Les grains de blés ainsi produits peuvent être sélectionnés et les variétés entretenues.
On a également pu voir que le blé barbu n’était pas mangé par les rongeurs grâce à ses longs épillets alors que le blé sans épillets avait déjà de nombreuses graines dégustées.
Sécurité Sociale Alimentaire
En tant que militant de la Confédération Paysanne, Romain nous présente la SSA comme la 6ème branche de la sécu (Santé, chômage, retraite, allocation familiale et ). La SSA est basée sur 3 piliers :
- l’universalité (pas de distinction d’âge, de revenus, de genre, de nationalité …),
- la cotisation (l’équivalent d’un salaire collectif) permettant le versement de 150€ par mois,
- le choix par les consommateurices de ce qu’ils mangent par des commissions de conventionnement utilisant l’intelligence collective.
C’est ce dernier pilier que Romain nous a proposé d’expérimenter : par groupes de 8 altercyclistes, nous devions statuer du conventionnement ou non de produits selon 3 critères : production – transformation – distribution. Et vous, conventionneriez vous ces produits : les courgettes, le café, les aubergines, le vin, le concombre, le bœuf bourguignon vendu en supermarché, la baguette, le parmesan… ?
Bibliographie
« Reprendre la terre aux machines » par le collectif « L’atelier paysan »
http://www.securite.sociale.alimentaire.org
« La violence dans l’aide alimentaire » Bénédicte Bonzi
« Blés de pays et autre céréales à paille » de Ruth Stegassy et Jean-Pierre Bolognini
http://www.semencespaysannes.org
Punch line
« Cotiser en fonction des moyens, recevoir en fonction des besoins »
« Lutter pour quelque chose et non contre »
« Il y a 10 ans, il y avait 1 million de chefs d’exploitations agricoles. En 2024, ils sont 380 000. Avec la SSA, il en faudrait 2 millions et demi pour nourrir toute la France ».
Alterjournalistes : Julie K & Solen