« Cela remonte à plus de 30 ans. En 1989, on apprend par la presse nationale qu’il y a un projet de
stockage de déchets chimiques ultimes au fond d’une ancienne mine dans le bassin potassique, du
côté de Mulhouse ».
L’utilisation de ces anciennes galeries pour le stockage de déchets présente un risque avéré de
contamination de la plus importante nappe phréatique d’Europe.
Sous un effet mécanique de pression, dans un site déstabilisé par l’activité minière, l’eau pourrait
inonder les galeries où sont stockés les déchets, s’en retrouvant ainsi polluée. Les galeries
pourraient également s’effondrer.
Cette nappe phréatique alimente notamment 7 millions de personnes en eau potable, mais également
la faune et la flore rhénane.
Cependant, en 1999, l’entreprise Stocamine obtient une concession de 30 ans pour débuter le stockage
de déchets ultimes dans la région.
« Il y a eu un incendie en 2002, qui a mis fin au stockage et à l‘entreprise qui a fermé peu après, un
incendie qui s’est déclaré à la suite de l’acceptation de déchets interdits par les dirigeants de Stocamine. »
L’entreprise Stocamine aurait descendu près de 42 000 tonnes de déchets, dont on maîtrise mal la
nature.
Ces déchets sont stockés dans un milieu corrosif, dans des big bags ou des fûts métalliques, conçus
pour résister quelques dizaines d’années.
Depuis la fermeture de l’entreprise, bien que la loi Barnier définit en 1992 la notion de déchet ultime
et impose la notion de réversibilité, les pouvoirs publics n’ont cessé de se désengager au lieu
d’enclencher le déstockage.
« Créé en décembre 2010, le collectif Destocamine lutte pour le déstockage total et immédiat des 42
000 tonnes de déchets toxiques enfouis dans les galeries de Stocamine. »
En 2019, l’Etat décide un enfouissement définitif, en dépit de tout bon sens et en contradiction avec le
principe de précaution inscrit dans la constitution française.
Le confinement des déchets serait réalisé en coulant des barrages de béton de plusieurs
centaines de mètres cubes.
Depuis, c’est une bataille juridique qui s’opère entre le collectif militant et l’Etat.
A une époque où l’eau est un bien précieux, une ressource qui se raréfie, on se demande
comment de tels risques peuvent être portés par les pouvoirs publics !
Issu d’un entretien avec Yann Flory, porte parole du collectif Destocamine.