De la terre à la terre
Après une grasse mat’ jusqu’à 7 heures et un réveil au son de la clarinette et de l’accordéon, départ du lieu magique où nous ont accueillis Martine et Gérard pour visiter, à 5 km de là (à Juilles), un chantier de restauration d’un bâtiment en pisé : une vieille grange datant du XIIème ou XVème siècle, de taille impressionnante, avec ses deux étages dont le deuxième en encorbellement.
Son usage initial était le stockage de grain ; ce n’est qu’au XXème siècle qu’elle a été transformée en maison d’habitation, avec le percement d’ouvertures au rez-de-chaussée. Habitée jusqu’en 1995 par les grands-parents d’Olivier Romegua, le maçon qui nous la fait visiter, la restauration a commencé il y a trois ans ; la terre utilisée vient de la parcelle d’à côté. A propos de terre, Olivier, de même que Gérard (notre accueillant de la veille) avec qui il a restaure la grange, est aussi cultivateur : Gérard nous expliquait qu’il ne voyait pas de différence entre le travail de la terre en tant que paysan et celui de la terre crue en tant que maçon. Elle a la même odeur.
Rude journée
L’étape du matin faisait 25 km sur le papier… mais 40 sur la route. Résultat : pas de relais, des côtes sous le soleil qui cogne, et une bonne heure et demi de retard au repas du midi qui nous a fait zapper la visite de la chèvrerie à Durban. Après un déjeuner sur l’herbe, on a quand même eu droit à une baignade dans le lac de l’agriculteur servant à l’irrigation (euh… qui a dit que ça pourrait nous poser des problèmes d’éthique ?) avant de reprendre la route sous le soleil.
Ce fut la journée des chutes : Manuela et Lydia ont inauguré la matinée en se ramassant juste après le départ sur des gravillons sournois en descente. Pas trop grave mais douloureux. L’après-midi, c’est Bruno qui s’est cru sur une piste de bobsleigh et s’est amusé à tester la résistance de son handbike aux tonneaux, entraînant Jean-Luc dans sa chute. Il faut dire que les lacets de la descente étaient serrés et la vitesse trop élevée : la faute au manque de lucidité elle-même due à la fatigue. Ils s’en sont heureusement bien sortis, et le lendemain Bruno mettait un casque !
De l’écoconstruction au gaz de schiste
Des fois qu’on s’ennuie, on avait encore deux activités prévues à notre arrivée à Montaut. La première c’était la visite d’Astarac, une entreprise de matériaux écologiques née d’une scierie familiale, qui fournit aux artisans et professionnels des planchers en bois locaux, de la chenevotte (excellent isolant), et commercialise d’autres matériaux de construction ou de décoration exclusivement écologiques. Ils
construisent également une maison associant des murs en pierre de récupération, de l’ossature bois remplie de terre-chaux-chanvre, et comptent développer des activités de formation. Pas le temps de s’attarder à l’excellent repas fourni par notre hôte avant de courir en soirée assister au débat sur la lutte locale contre les gaz de schiste, jugé très intéressant par ceux qui ont eu le courage de rester réveillés.
Question subsidiaire
Il y avait beaucoup de maïs irrigué dans les champs à côté desquels on passait, et on a largement profité des arrosages pour se rafraîchir un peu. Mais au nom de la cohérence avec les principes de l’AlterTour qui visent à promouvoir un mode d’agriculture moins gourmand en eau, doit-on éviter stoïquement les gouttes d’eau ? Pire : doit-on s’interdire de se baigner comme on l’a fait avec jouissance (si si, j’ai entendu des cris orgasmiques) dans une retenue collinaire pour ne pas cautionner les systèmes qui permettent de cultiver des variétés de maïs inadaptées à nos climats ? Après discussion avec Jean-Marc, nous proposons la motion suivante : on ne se baignera plus dans de tels lacs, on ne se mouillera plus sous l’arrosage du maïs… jusqu’à la prochaine fois !
Laurence