Compte-rendu de la visite du potager de ce jardinier émérite et curieux de tout

MathieuAgriculture, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Édition 2011

En préambule, retenons que le potager nous fait remonter à rebours au 16ème siècle, tout du moins en Europe, à l’instar du potager clos qui fut un des points d’orgue de cette visite. Mais, me direz-vous, ami lecteur dont l’ingénuité n’a d’égal que l’appétit de savoir qui vous fait parcourir ce compte-rendu – qu’est-ce donc qu’un potager clos ? De fait, il s’agit, comme son nom l’indique, d’un potager protégé des animaux affamés du voisinage par un mur d’un mètre d’épaisseur dessinant une enceinte étagée sur 2 niveaux. Un mètre, rien de moins, pour une raison simplement thermique, vous l’aurez deviné : en hiver, la chaleur accumulée par les pierres durant la journée empêchait, durant la nuit, que la gelée ne viennent estourbir les cultures de lentilles, pois chiches, haricots secs, melons, fèves et vesces pratiquées traditionnellement, depuis les années 1600/1700 en cette région du Lubéron. Cela jusque dans les années 50, date à laquelle les tracteurs ont entraîné le délaissement de ces parcelles, de taille réduite pour ces engins. La situation évolue aussi aujourd’hui en fonction de l’équilibre des espèces en évolution permanente: Jean-Luc nous cite la mainmise des geais sur ce territoire fort convoité au dépend des pies, qui n’ont cependant pas dit leur dernier mot…

Ceci étant écrit, nous n’oublierons pas pour autant les autres jardins, d’ornement ou de contemplation, qui ont eux aussi tout leur intérêt, mais dans des contextes socio-historico-économiques qui nous éloigneraient trop de notre sujet du moment: le jardin po-ta-ger…Sa richesse autant culturelle que culturale se trouve de nos jours constituée d’apports multiples, à l’image par exemple de celui de l’agriculture méso-américaine (si ce terme vous pose problème, n’hésitez pas à en vérifier la teneur dans votre dictionnaire préféré, tel le Littré, afin de satisfaire votre curiosité fort légitime, car nous n’allons tout de même pas vous mâcher tout le travail…).

Cette agriculture héritée du passé a su pratiquer une association unique de plantes complémentaires, à l’instar de la courge, plante horizontale, du maïs, plante verticale, et, last but not least, des haricots, qui utilisent les tiges de maïs comme des tuteurs – pour vous donner une image spatialisée de cette combinaison unique aux vertus tant nutritives que culinaires. Attirons votre attention sur les pépins de coloquinte aux propriétés vermifuges, mais ceci est un autre sujet, certes tout aussi passionnant mais que nous ne détaillerons point, faute de temps et d’énergie… Autre sujet abordé avec autant de passion que de conviction : la pollinisation à la main des fleurs de courgettes. Sachez juste pour votre gouverne, que cet acte est aussi délicat que précis, et que tout un chacun ne peut se prétendre pollinisateur sans une expérience qui nécessite autant de finesse que de doigté.

Nous avons également abordé la question des croisements, des hybridations, sans omettre des points plus techniques relatifs, par exemple, au fait que « le cardon est le grand-père de l’artichaut » ce qui ne vous étonnera guère, connaissant votre intérêt pour la généalogie botanique.

Mais, nous direz-vous, nous interrompant à juste titre au plus fort de ces digressions parfois un peu complexes il est vrai, quelles sont donc les plantes cultivées en ce potager extra-ordinaire?
Nous y arrivons, et votre alter-journaliste se propose en guise de conclusion, soit de vous bercer soit d’exciter votre enthousiasme à l’évocation des noms de quelques-unes des variétés recensées dans cette portion du potager cultivé par notre hôte et quelques-uns de ceux qu’il forme à son art. Vous y trouverez, en guise de :

    • tomates, la sauvage à feuilles de pimprenelle, la sauvage hirsute, la marmande hâtive, la greengrade raisin vert, la lemon bush, la coeur de boeuf, la géante rouge, la coeur de boeuf à facettes, la Zatopek, l’Andine cornue, la tomate du voyageur, la cotellée de Gênes, la poivron rouge ;
    • en aubergines, vous rencontrerez la ronde de valence, la verte longue de Thaïlande, la oeuf vert;
    • pour les courges remarquez la trompe d’Albanga ;
    • parmi les concombres, le comcombre citron ;
    • au milieu des courgettes : la jaune à col lisse, la verte zuboka ;
    • de nombreux haricots : le haricot beurre de Rocquencourt, le triomphe de Farcy, le nain pourpre, le coco rose d’Eyragues ;
    • et quelques pommes de terre : la vitelote violette voisinant avec l’Angourie des Antilles.

Quelles merveilles de la Nature que la Physalis du Mexique, les éponges végétales, les échalotes, la carthame des teinturiers, la Dolique Mongette, le piment de Bresse, le piment del riquilo, le piment cerise rouge de Calabre, le piment larme de Job, le Teosinte (ancêtre du maïs), le morelle africain n’goyo rouge, le poivron yellow wonder,le poivron tomate jaune, le Physalis, la morelle de Balbis, le cornaret rose, les griffes du diable, les cloches d’Irlande, la molucelle, et pour finir cette liste qui chante autant à nos oreilles qu’à nos papilles, le tournesol horticole multifleurs…
Sans oublier bien sûr les pois rouges de Nouvelle Zélande sur la superbe jupe de Claire…
Et ce sera notre conclusion pour ce soir, fort tard…
Merci à l’association Le POTAGER D’UN CURIEUX
Jean-Luc Daneyrolles
La Molière
à SAIGNON (84)
lepotager – at – wanadoo.fr

Quelques liens dans la continuité:

Semences paysannes: www.semencespaysannes.org
« Les Croqueurs de carottes » rassemblent eux, 6 entreprises artisanales de production de semences potagères et florales biologiques à travers la France selon les régions dans lesquelles vous vous trouvez:

A noter également dans l’actu militante:

www.les-oc.info : les Objecteurs de croissance prévoient de vous retrouver les 19-20-21 août à MOISSAC (82)

NI GAZ NI NUCLEAIRE: 26, 27 et 28 août à LEZAN (30) dans les Cévennes organisé par www.convergenceenergetique.org

Hervé, alterjournaliste du jour