7/9 France Inter : 11 Juillet 2013
Résumé de l’étape du Mont Saint-Michel : « Frustrés d’être privés de cadeaux, des spectateurs jettent des pierres sur les hôtesses … »
Et oui vous avez bien lu , on en est là !
Excités par de longues heures d’attente, des sportifs adeptes du camping car -parasol- apéro sont prêts à lapider les intérimaires de la grande boucle pour un bob ou un porte clé !
En cherchant à vérifier cette information, j’ai appris que les hôtesses d’une célèbre marque de saucisson industriel qui circulent en deudeuche à carreaux rouge et blanc « bien de chez nous » avaient pour consigne de jeter les paquets de saucisson fort sur la route pour faire un ricochet ou derrière les gens pour qu’ils reculent afin d’éviter qu’ils ne se jettent sous les roues des chars.
Avouez qu’on est assez loin de la fête populaire, bon enfant que les publimédias s’évertuent à promouvoir.
Mais me diront certains : « il faut bien que les gens oublient l’espace d’un instant le chômage, la météo désastreuse de ce début d’année, les échéances de prêts impayées, l’insécurité sociale, l’ouverture prochaine du Mac Do à Auterive, la capitulation des politiques face au marché ».
Ce super marché qui précisément défile sur nos belles routes de France pour entretenir l’illusion d’une croissance salvatrice transformant nos concitoyens en homo-publicitaris.
La manifestation ultime de cette métamorphose étant ces cyclistes amateurs du dimanche qui n’hésitent pas à payer pour endosser un maillot et assurer ainsi la promotion d’une banque, d’un laboratoire pharmaceutique ou de jeux de loterie.
La boucle est bouclée. A chacun sa vision du consomm’acteur mais notons au passage ( du Tour ) certains débordements de groupes extrémistes n’hésitant pas à célébrer le culte de la compétition en pleine rue
Certains (les mêmes sans doute) me taxeront de mauvaise foi caractérisée et connaissant mes accointances avec la sphère écolo, me rétorqueront que ce 100ème Tour de France est celui de la Biodiversité.
En effet le Muséum national d’histoire naturelle à l’occasion du 100e anniversaire de la Grande boucle présente à une heure de grande écoute lors de la traversée de chaque région une espèce animale ou végétale ainsi que les éventuelles menaces qui pèsent sur elle. Parce qu’on protège mieux ce qu’on connait mieux…
C’est ainsi que le départ donné en Corse a été l’occasion de découvrir l’herbier de posidonie ou la pie grièche écorcheur.
Mais justement parce que protection et connaissance sont intimement liées, il convient de savoir que l’un des sponsors officiels de ce Tour de France est le semencier RAGT à la pointe de la recherche OGM au sein du groupement Biogemma.
Il fallait oser le faire : La biodiversité invitée d’un Tour sponsorisé par un producteur d’OGM. Ainsi va le monde selon Monsanto.
Rappelons que ce spécialiste des biotechnologies végétales , dont la renommée en matière d’herbicide au Vietnam avec l’agent orange et dans nos jardins avec le Round Up n’est plus à faire, a pour projet de breveter le vivant et d’obliger les agriculteurs de la planète à verser une taxe annuellement pour poursuivre leur activité. Cette privatisation des semences qui est une attaque en règle du maintien de la biodiversité cultivée peut sembler un enjeu planétaire loin des préoccupations de chacun et pourtant…
Le 17 mai dernier, des fonctionnaires zélés de la répression des fraudes sont intervenus sur le marché de Lavelanet afin de vérifier que les paysans présents qui selon une habitude ancestrale sélectionnent, ressèment, échangent ou vendent leur production en graines ou en plants avaient bien acquitté la redevance au GNIS (Groupement National Interprofessionnel des Semences et Plants). Une attaque en règle contre la biodiversité cultivée.
« Mais que pouvons nous faire ? » diront certains :
Faucher, manifester pour les plus motivés.
Utiliser au quotidien le bulletin de vote plastifié de format 85mm X 55mm fourni par votre établissement bancaire à l’occasion de votre passage en supermarché en boycottant la liste des marques complices de Monsanto
et pourquoi pas … pédaler et prendre le départ d’un autre Tour à compter du 18 juillet prochain.
Rejoindre l’AlterTour pour une planète sans dopage qui comme le résume la charte est un parcours cycliste autogéré en relais partant à la découverte des alternatives régionales. Espace de rencontre, de débats, ouvert à tous, visant à promouvoir la réflexion, les échanges de connaissances et d’expériences militantes, les témoignages de résistance non-violente. Il fédère les personnes et les mouvements qui s’opposent à l’esprit de compétition, et dénoncent le dopage sous toutes ses formes, notamment dans l’agriculture et l’économie concurrentielle.
Pour avoir partagé quelques coups de pédales avec cette joyeuse bande l’an passé entre Foix et Castres, je peux vous assurer que c’est une expérience humaine rare à la portée de tous.
Certains diront : « Facile pour toi qui a fait le choix de privilégier le vélo ( et le train ) pour te rendre chaque jour au boulot à Toulouse ! »
Je répondrai « Chacun son Tour ».
Alors que certains sont partis pour parcourir 3403 kms en 23 jours, c’est à raison de 25 kms par jour la distance que je totalise sur une année pour tenter de rallier en bonne santé l’étape finale de la retraite.
Je tiens à remercier à cette occasion mes sponsors : l’Amap des Cassagnous et Framboise qui en cuisine accomplit des miracles au quotidien pour agrémenter les produits de la famille Carré.
Reportage de votre correspondant en direct du Tourmalin
Source : http://www.frituremag.info/Les-chroniques/Cricri-et-chuchotements/Chacun-son-Tour.html