Un Tour de France sans échappée, sans maillot à pois et surtout sans… dopage. Anny Poursinoff, ancienne députée EELV des Yvelines y participait pour la 5e fois. Elle nous raconte ce drôle de périple.
Imaginez : un Tour de France sans échappée, sans maillot à pois et surtout sans… dopage. Pour assister à tel événement, il faut se rendre cet été dans le Sud-Ouest de la France, plus exactement du côté de l’Ariège ou encore du Gers. Les villes de Foix, Limoux et Carcassonne ont eu la surprise de voir passer début juillet un peloton bien particulier, celui de l’Alter Tour ou encore Tour de France alternatif. Anny Poursinoff, ancienne députée Europe Ecologie Les Verts de la 10e circonscription des Yvelines y participait pour la cinquième fois. Elle nous raconte ce drôle de périple de l’intérieur.
Kiagi.org : Présentez-nous l’Alter Tour.
Anny Poursinoff : L’AlterTour est un événement de cinq semaines, intergénérationnel et alternatif évidemment, qui se déroule du 11 juillet au 19 août. Pas de course de vélo chez nous, il s’agit avant tout d’une rencontre en deux roues pour dénoncer la société du productivisme, de la compétitivité et du dopage. Nous relions cette année la ville de Foix à celle de Bedous, soit près de 40 étapes. Mais à notre rythme. Personnellement, j’ai participé à la première semaine d’étapes, reliant Foix à Carcassonne.
Kiagi.org : Derrière le côté sympathique de l’événement, il y a un vrai message militant.
Anny Poursinoff : A l’origine de l’Alter Tour se trouve l’association Alter Campagne qui milite, entre autres, contre les OGM. Donc oui, nous défendons « la sobriété heureuse » face à l’esprit de compétition et nous dénonçons le dopage sous toutes ses formes, aussi bien dans l’agriculture que dans l’économie concurrentielle. Pour nous le dopage, cela signifie augmenter artificiellement des performances à court terme, ce qui entraînera inévitablement des conséquences négatives sur l’environnement, la santé et la société. Chacune des éditions de l’Alter Tour a une thématique. Cette année, le titre est « Une autre FAIM du monde est possible ». Nous défendons l’idée de Gandhi qui dit que nous devons « vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre ». Au programme donc : rencontre avec des producteurs bio, focus sur les circuits courts, les monnaies locales…
Kiagi.org : Comment se déroule une journée sur l’Alter Tour ?
Anny Poursinoff : Alors déjà le lever, après une nuit sous la tente ou dans une salle communale, est un peu particulier. Chaque soir, deux personnes sont désignées pour tenir le rôle de réveil matin et elles doivent innover. Certaines choisissent une chanson, d’autres déclament un poème… Petit déjeuner collectif et hop départ pour la première partie de la journée. En milieu de matinée, une petite pause pour reprendre des forces, puis on redémarre jusqu’au déjeuner. Ensuite on fait parfois la sieste, lors des grosses chaleur avant de reprendre l’après-midi. Le tout entrecoupé de visites et de rencontres avec des porteurs d’alternatives locales. Mais attention, on n’est pas obligé de tout faire. Si l’on est trop fatigué, on peut monter dans la voiture-balaie, notre mini-bus qui suit les cyclistes et transporte les toilettes sèches. C’est un peu à la carte.
Kiagi.org : Point de vue sportif, on est quand même loin du Tour de France ?
Anny Poursinoff : Attention, c’est quand même physique. Moi qui faisait habituellement une heure de vélo par jour dans Paris pour me rendre à l’Assemblée nationale, j’ai senti passer les dénivelés. Mais il y a une vraie solidarité entre nous. Les plus sportifs aident ceux qui ont des difficultés. Cette année, nous avions une personne handicapée qui avançait uniquement à la force des bras. Alors on se relaie pour l’aider dans les montées. Il y a aussi des enfants, mon petit-fils notamment a participé à plusieurs éditions avec moi. Mais l’essentiel est d’être honnête avec soi-même et savoir dire stop quand c’est trop dur par rapport à ses capacités physiques. Il n’y a aucune honte à poser le pied à terre.
Kiagi.org : Des souvenirs marquants de cette étape 2012 ?
Anny Poursinoff : Ce qui était assez drôle cette année, c’est que nous nous sommes trouvés exactement sur le trajet du Tour de France, par pur hasard. Nous avons quitté la ville de Foix juste avant l’arrivée des coureurs. Il a donc fallu expliquer à tout le monde que, non nous n’étions pas le Tour officiel. On ne se place pas frontalement contre le Tour mais lorsque l’on dit « nous nous ne sommes pas dopés », forcément cela suscite la réaction et nous permet d’engager la discussion. On explique alors nos valeurs, pourquoi il est nécessaire d’aller vers une société plus respectueuse de l’homme et de l’environnement… J’ai également un très bon souvenir de notre arrivée dans le petit village de Montagagne lors d’une étape. Tout le village était mobilisé pour nous accueillir, les habitants nous ont accueilli chez eux pour prendre des douches. C’était super.
Kiagi.org : Et l’an prochain, on vous retrouve sur la ligne de départ ?
Anny Poursinoff : Bien sûr. L’Alter Tour c’est ma cure de désintoxication du quotidien, d’autant plus cette année, après une longue campagne de législatives. Pour ceux qui voudraient participer, c’est très simple. On l’a vu, pas besoin d’être un grand sportif mais il faut tout de même s’inscrire et présenter un certificat médical. Et il y a des frais également pour la nourriture, les voitures… Mais c’est dégressif en fonction de ses revenus. Les plus fortunés payent 32 euros par jour et les moins riches 16 euros. Et n’oubliez pas, à l’Alter Tour, ce sont les derniers arrivés qui sont le plus applaudis.
Source : http://www.kiagi.org/kiagi_le_mag/fiche/lalter-tour-le-tour-de-france-des-ecolos/147