Creuser les chemins de la solidarité plutôt que suivre l’autoroute sans issue de la compétition : la Confédération Paysanne accompagne la deuxième édition de l’AlterTour qui, en juillet au nord de la Loire, parcourra les chemins reliant un arc-en-ciel d’initiatives exemplaires.
Sortant de la projection d’«On revient sur Terre» (1), le documentaire tourné en juillet 2008 pendant la première édition de l’AlterTour, la journaliste Ruth Stégassy (2) se déclarait revigorée par le bonheur évident de tous les acteurs. Le film met en scène un groupe de cyclistes nomades qui part pendant un mois à la rencontre de militants sédentaires : paysans, élus, bénévoles, tous promoteurs de l’écologie. Les sédentaires y témoignent notamment de leur expérience militante. On est loin d’images montrant des paysans reclus, parfois déprimés, sans avenir apparent. Comme l’exprime l’artisan boulanger, cycliste et éditeur Thierry Baffou : « Ce sont les politiques locaux qui viennent nous voir. A partir du moment où on montre sur un lieu que quelque chose fonctionne, on a déjà un certain crédit, le message est d’autant plus facile à passer. Je peux me permettre après de dénoncer ce qu’ils font parce qu’ils se rendent compte que je propose quelque chose qui fonctionne. Je pense que ça, c’est important : ne pas être que dans l’aspect négatif de la dénonciation, mais dans la proposition. »
L’AlterTour veut faire connaître des initiatives méritant d’être reproduites. L’existence de tant d’alternatives, notamment agricoles, fut une source d’étonnement en 2008. Le circuit 2009 procurera sans doute autant d’espoir à ceux qui creusent les chemins de la solidarité en évitant l’autoroute de la compétition.
L’idée de base était de montrer le parallèle existant entre le dopage dans le sport de compétition et certains procédés de l’agriculture productiviste (cf. dossier CS n°230). L’actualité nous oblige cette année à considérer d’autres formes de dopage tout aussi préoccupantes : le dopage financier, dont la connotation positive d’hier ne résiste pas à la crise d’aujourd’hui, mais aussi le dopage des transports, ou celui des télécommunications par les micro-ondes.
En définitive, le dopage concerne tout procédé qui améliore temporairement certaines performances mais créé sur le long terme une dépendance, voire une dégradation. Cette dégradation s’étend généralement au delà de l’organisme dopé, ce qui pose un grave problème de société. Les retombées des différentes formes que revêt le dopage sont nombreuses sur nos vies, mais aussi et avant tout sur l’avenir de la planète. Toute manifestation visant à faire prendre conscience de cette situation est salutaire.
Il s’agit de mettre en avant des alternatives concrètes et de favoriser la naissance d’initiatives locales courageuses, en allant soutenir celles et ceux qui tentent d’éviter que de grands projets institutionnels « occupent le terrain », au sens propre comme au figuré. L’AlterTour passe ainsi par des sites envisagés pour accueillir des projets au coût exorbitant, à la finalité discutable et aux conséquences néfastes pour l’écologie. Initiés il y a plusieurs années, lorsque certains élus ou économistes pouvaient encore croire au mythe de la croissance illimitée, ces projets ne répondent plus à un réel besoin, sauf peut-être celui de continuer à faire tourner les industries du béton, de l’asphalte, du pétrole et de l’uranium. La population locale s’y oppose, leur préférant la préservation de l’environnement et le maintien d’une agriculture durable. L’AlterTour passera donc par des lieux de résistance aux grands centres commerciaux, aux complexes autoroutiers, à des centrale nucléaire, port méthanier et aéroport. L’arrivée aura lieu ainsi le 8 août au camp-climat concerné par le projet de second aéroport de Nantes, prévu sur des terres agricoles à Notre-Dame-des-Landes. Un site et un combat emblématiques contre un projet d’un autre temps (cf. CS n°223), une scène finale adaptée au nouveau scénario écrit par des cyclistes et leurs hôtes.
(1) La bande annonce du film et toutes les infos sur l’AlterTour 2009 sont sur : www.altertour.net
(2) Journaliste à France Culture, Ruth Stegassy anime tous les samedis matin « Terre à terre », émission de référence sur l’écologie.