AlterTour, c’est une caravane de vélos qui, pendant six semaines, va de ferme bio en écovillage, de coopérative en lieu culturel autogéré. Jeudi elle a débarqué à Boudiguen.
L’association AlterTour s’est créée il y a neuf ans « en réaction d’abord contre le dopage sur le Tour de France, puis contre tous les dopages, financiers, sociétaux, énergétiques, culturels, éclaire Isabelle, qui fait partie des organisateurs. Ce mouvement s’inscrit dans la décroissance, le bio, le local ». Cette année, le circuit concocté par AlterTour a démarré de Notre-Dame-des-Landes le 10 juillet, traversé la Mayenne, le Trégor, le sud du Finistère pour une arrivée à Rennes le 20 août. Trois cents cyclistes s’y sont inscrits. Chacun faisant tout ou partie, selon ses possibilités et ses congés.
Deux camions accompagnent la caravane : un devant avec l’intendance, qui transporte les tentes et le gros matériel, et une voiture-balai derrière. « Ce n’est pas une compétition ! Nos maillots jaunes, ils sont derrière, ils font la sécurité, pédalent avec les derniers, les encouragent, les aident, et quand quelqu’un a un coup de mou, il embarque son vélo dans la remorque et faire un bout de trajet dans le camion ».
Et de toute façon, le but n’est pas de faire du kilomètre, mais de rencontrer des gens, autour d’un thème. Cette année, c’est Bien Vivre, Biens Communs. « Parfois les étapes sont courtes, parfois, on pense qu’il est important de prendre le temps, comme ici à Boudiguen où les tentes ont été installées pour deux nuits, » poursuit l’organisatrice. Arrivés jeudi soir, les cyclistes ont partagé le repas préparé par Christian Bolloré, le maraîcher de Boudiguen. A suivi une conférence sur les Faucheurs Volontaires, donnée par Guillaume De Crop, lui-même membre actif et photographe du collectif citoyen. Il a parlé en image des grandes actions menées par les Faucheurs depuis leur création il y a 15 ans. Il a présenté l’histoire militante avec ses stratégies, ses trucs et astuces, ses partenaires nationaux et internationaux, ses batailles judiciaires perdues, mais aussi ses victoires politiques, et surtout les enjeux et combats à venir. Cette présentation enthousiaste, drôle et parfois impertinente a donné le ton pour les temps forts du lendemain :
partage et transmission.
Vendredi, en effet, si c’était repos pour les vélos, ça ne l’était pas pour les cyclistes, qui se sont répartis dans différents ateliers : réparer les vélos, découvrir la fabrication de cosmétiques et produits d’entretien bio, désherber le grand potager de Christian, monter d’un mur en terre-paille dans une dépendance, remettre en état les toilettes sèches du prochain Tomahawk Fest. Avant que tous se retrouvent autour de Vincent Gonot le brasseur qui leur a conté la chimie et l’alchimie de la bière.
Tomahawk oblige, la soirée s’est terminée en concert. Samedi matin, avant de reprendre la route vers Concarneau, tous se sont réunis dans le cercle de parole pour se distribuer les tâches : qui fait la popote, la vaisselle, qui décharge le camion, le charge, le conduit. Les intéressés peuvent suivre l’aventure sur www.altertour.net
Maryse TURCI
Source : Ouest France