Ouf ! Nous avons enfin pu sécher nos tentes et nos duvets et passer une soirée sans orage !
L’heure convenable du coucher, après un passionnant exposé sur les oiseaux forestiers laissait présager un bon repos.
Mais c’était oublier que les alter-cyclistes aiment les défis : aux premières lueurs du jour, le camion poubelle avertissaient celles et ceux qui avaient le sommeil léger que le vent avait tourné. En effet, les premières gouttes de pluie ne tardèrent pas. C’est ainsi qu’à 6 heures, trois matinaux se précipitèrent vers les fils à linge pour décrocher shorts et Tee-shirts encore moites.
Le petit déjeuner fut pris à l’abri sous deux arbres généreux et les vélos en fourchés pour partir à la découverte d’AYEN et ses environs avec nos guides locaux.
A l’aide d’une lecture de paysage, Sandra du CAUE (Conseil en Architecture, Urbanisme et Environnement) nous propose des données
• géologiques (grès rouge « lie de vin » et buttes calcaires)
• agricoles (terre de tradition maraîchère devenue terre d’élevage et terre fruitière : pommes, noix, châtaignes et prunes)
• historiques : village avec deux niveaux en bas à l’origine puis village en haut.
Prunes de Vars : une année de récolte payait un tracteur, |
A la fin du 19 siècle, l’arrivée du train modifiait l’économie locale : petite industrie, vannerie ; hélas 40 ans plus tard, le train ne passe plus à Ayen.
Après une dégradation des pratiques agricoles et du bâti ancien, un effort est fait au 21° siècle pour recréer des productions locales et réhabiliter les bâtiments facilitant ainsi l’intégration de nouveaux habitants (plusieurs néerlandais) qui prennent toute leur part à la vie locale.
Installés sur une butte calcaire témoin du passé géologique, nous écoutons Christophe du C E N (Conservatoire des Espaces Naturels) exposer les missions de son organisme qui gère 130 sites en Limousin. L’exemple de la pelouse sèche sur laquelle nous nous trouvons est emblématique. Il s’agit de préserver l’existant avec des espèces (faune et flore) rares et/ou protégées pour garder le milieu ouvert. On y effectue une fauche annuelle tardive. Nos nombreuses interrogations permettent d’aborder les questions foncières, financières, politiques et naturalistes.
Après un succulent repas sur la terrasse de la salle des fêtes (préparé avec soin par l’équipe « cuisine »), deux groupes ont poursuivi les visites.
Un groupe est allé à l’Arboretum la Tullière avec Patrick un éco-artisan qui a fondé l’entreprise « a two bois« . Cet Arboretum de 8 hectares exploité par un couple de néerlandais depuis 25 ans recense 1500 arbres et arbustes du monde entier dont une collection de 130 Spirées transplantée du Pays Bas en 2011 et unique en Europe. Le lieu est ouvert au public et reçoit beaucoup de groupes dans un but pédagogique. Les propriétaires habitent la maison ancienne en pierre, Patrick leur a construit un pavillon d’accueil bioclimatique avec un toit végétalisé ainsi qu’un dôme. L’Arboretum, presque tenu comme un parc, comprend un étang avec des canards, des oies, des poules. Il inspire le calme et la détente.
Le deuxième groupe avait rendez-vous avec Jérôme adjoint au maire en charge du développement durable. AYEN terre d’Avenir labellisé AGENDA 21 en 2005 fait partie des premiers villages en France à avoir obtenu cette reconnaissance nationale.
A ce titre, il a bénéficié d’une méthodologie d’accompagnement pour un programme d’actions autour de 5 axes :
1) économie ressource du territoire
2) protection bioclimatique (plan climat énergie territoire PCET)
3) épanouissement des êtres humains
4) comment produire et consommer localement
5) le niveau satisfaisant de développement
L’aventure de l’équipe A 21 est illustrée par une anecdote. Comment éviter qu’un commerçant brûle régulièrement ses emballages. Quelle est la meilleure solution utile pour la commune, pour ses habitant.es et pour la nature ?
Il suffit parfois de savoir observer, d’aller à la rencontre de la population et de prendre des décisions (politiques).
L’expérience d’Ayen est partagée par un groupe de citoyennes et de citoyens réunis régulièrement dans un collectif associatif. Ils organisent des réunions thématiques avec la population et cherchent à fédérer les initiatives du territoire (associations, entreprises)
Deux innovations à reprendre : plus de démocratie active et plus d’indicateurs pour mesurer les 107 actions de l’agenda 21.
• Avant chaque conseil municipal, 5 personnes sont tirées au sort. Elles participent aux débats du conseil municipal sans prendre part au vote.
Et que croyez-vous qu’il se passe ensuite ? Eh, bien celles et ceux qui sont venues (un peu par obligation) font le déplacement pour les prochains conseils municipaux !
• Le collectif a également le souci permanent d’évaluation ; en consultant le site AYEN21, on retrouvera leur travail sur un ensemble d’indicateurs : http://ayen21.over-blog.com/pages/Les_indicateurs_devaluation-5955096.html
Pour 2014, un gros projet est à l’œuvre avec un panel important de partenaires institutionnels : la maison des services au public qui prendra la suite du RELAIS DES SERVICES PUBLICS.
Il s’agit d’un lieu unique tel un guichet unique pour toutes les formalités administratives, les démarches en vue d’obtenir des aides et des conseils.
Quelques chiffres : 1151 personnes accueillies ce qui équivaut à 77107 de kms évités soit 21627 de CO2 non émis. Cet espace est animé par une personne en emploi aidé qui retrouve un travail (plus facilement) après cette expérience de mise en réseau et de soutien personnalisé en fonction des attentes de chacun.
Jérôme étant intarissable sur tous ces projets (certains très innovants tels la monnaie locale en lien au covoiturage), nous vous invitons à le contacter via le site de la commune pour approfondir ce qui pourrait être transférable chez vous !
Joëlle